Violences post-électorales au Gabon : deux plaintes déposées en France

Les forces de l'ordre avancent vers des manifestants qui protestent contre la victoire du président sortant Ali Bongo à la présidentielle gabonaise, à Libreville, Gabon, 31 août 2016

Deux plaintes de ressortissants franco-gabonais ont été déposées mercredi en France à la suite des violences post-électorales au Gabon après la victoire d'Ali Bongo à la présidentielle, a annoncé un collectif d'avocats qui compte aussi saisir la Cour pénale internationale.

Les plaintes ont été déposées pour "arrestation et détention arbitraire en bande organisée, torture et actes de barbarie en bande organisée, tentative d'assassinat et crime contre l'humanité", a indiqué l'un des deux avocats du collectif, Me William Bourdon, lors d'une conférence de presse à Paris.

A l'issue du dépôt de plaintes auprès du doyen des juges d'instruction du Tribunal de grande instance de Paris, les avocats espèrent que le Parquet demande l'ouverture d'une information judiciaire "dans les plus brefs délais".

L'un des plaignants, un Franco-Gabonais d'une trentaine d'années qui souhaite garder l'anonymat, a été arrêté la nuit du 31 août au 1er septembre au quartier général de l'opposant gabonais Jean Ping, qui revendique la victoire à l'élection présidentielle du 27 août.

Ce plaignant a décrit mercredi lors de la conférence de presse une nuit d'"horreur et de carnage" au cours de laquelle des dizaines de personnes ont été blessées ou tuées par des hommes cagoulés dans l'attaque "méthodique" du QG de Jean Ping.

L'autre plaignant, un ressortissant franco-gabonais domicilié en France, a été arrêté à son arrivée à Libreville le 28 août et est toujours détenu arbitrairement à la prison centrale de la capitale, selon le collectif d'avocats.

D'autres familles franco-gabonaises devraient déposer plainte dans les semaines à venir, a-t-il ajouté.

Ce collectif va en outre demander "prochainement" à la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, d'ouvrir une première enquête.

"En termes de logistique, de préparation, de préméditation face à une population civile totalement désarmée, la qualification de crime contre l'humanité peut être retenue", a jugé Me Bourdon.

"Le caractère généralisé, systématique, organisé de ce massacre, de ces tortures" est intervenu "en exécution de décisions politiques soutenues par la hiérarchie politico-militaire" au Gabon, a dénoncé cet avocat.

Depuis l'annonce de la victoire du président sortant Ali Bongo au scrutin présidentiel, le Gabon est plongé dans une crise politique sans précédent. Les violences post-électorales ont fait trois morts d'après les autorités et "plus de 50" selon le camp de Jean Ping, qui réclame un recompte des voix.

Trois semaines après le début des violences, des familles continuent leur quête de proches qui n'ont plus donné signe de vie.

Avec AFP