La Russie doit faire plus pour éliminer l'arsenal chimique syrien selon Rex Tillerson

Rex Tillerson à West Palm Beach en Floride le 6 avril 2017. (AP/Lynne Sladky)

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson s'est interrogé dimanche, deux jours avant une visite capitale à Moscou, sur les réelles intentions de la Russie en Syrie, où elle s'est montrée selon lui "incompétente" pour surveiller l'élimination de l'arsenal chimique du président syrien Bachar al-Assad.

"Cela va faire partie des discussions que nous aurons quand je serai à Moscou cette semaine : je vais demander au ministre des Affaires étrangères (Sergueï) Lavrov et au gouvernement russe de respecter leurs engagements envers la communauté internationale, quand il ont donné leur accord pour garantir l'élimination des armes chimiques", a déclaré M. Tillerson dans une interview sur la chaîne ABC.


"Pourquoi la Russie n'a pas été capable de remplir cette mission, ce n'est pas clair pour moi. Je ne veux pas tirer comme conclusion qu'ils ont été complices, mais ils ont clairement été incompétents, et peut-être que les Syriens se sont joués d'eux", a-t-il ajouté.

Le régime de Damas a été accusé par la communauté internationale pour une attaque chimique présumée mardi ayant fait au moins 87 morts dont des dizaines d'enfants dans la localité rebelle de Khan Cheikhoun.

En réponse, les Etats-Unis ont lancé dans la nuit de jeudi à vendredi une frappe punitive de missiles Tomahawk contre la base aérienne d'où sont partis les avions ayant largué les armes chimiques sur Khan Cheikhoun, selon Washington. C'était la première intervention directe de Washington contre le régime syrien.

"Clairement ce sont les alliés de Bachar al-Assad", a repris M. Tillerson à propos des Russes. "Ils devraient avoir une grande influence sur lui et le pousser à ne plus utiliser d'armes chimiques".

Damas a nié avoir perpétré une attaque chimique et le président russe Vladimir Poutine a considéré les représailles américaines comme une "agression contre un Etat souverain".

"Je ne pense pas que les Russes veulent une dégradation des relations avec les Etats-Unis, mais il va falloir beaucoup de discussions et de dialogue pour mieux comprendre quelle relation la Russie veut avoir avec nous", a encore dit M. Tillerson.

"J'espère que nous pourrons avoir des discussions constructives avec le gouvernement russe et le ministre des Affaires étrangères Lavrov pour que la Russie soutienne un processus qui conduira à une Syrie stable", a-t-il poursuivi.

"Il fallait faire quelque chose", a dit de son côté sur NBC Nikki Haley, l'ambassadrice américaine à l'ONU, évoquant "l'arrogance" du régime syrien. "Il fallait dire à Assad: +ça suffit+. Et il fallait montrer à la Russie qu'on n'allait plus la laisser couvrir ce régime".

Le conseiller à la sécurité nationale, le général H.R. McMaster, a lui aussi pointé du doigt Moscou: "On doit demander à la Russie, comment se fait-il, si vous avez des conseillers sur cette base aérienne, que vous n'ayez pas su que l'armée de l'air syrienne préparait une attaque de destruction massive avec des armes chimiques ?", s'est-il interrogé sur la chaîne Fox.

"C'est une excellente occasion pour les dirigeants russes de réévaluer leurs positions. La Russie pourrait faire partie de la solution", a-t-il encore souligné. Mais "pour le moment, tout le monde voit la Russie comme une partie du problème".

Avec AFP