RDC

Ultimatum musclé de la police aux étudiants de Kinshasa

Les étudiants de l'Institut superieur d'architecture et d'urbanisme

Des centaines d'étudiants ont évacué le campus de l'université de Kinshasa (Unikin) sur ordre des autorités, mercredi, au lendemain de la mort d'un policier en marge d'un mouvement de protestation contre la hausse des frais d'études.

La police avait lancé un ultimatum musclé dans la matinée: tout étudiant encore présent jeudi sur le campus "sera considéré comme un infiltré, un ennemi de la République faisant partie des bandits qui ont tué" au moins un policier et en ont blessé grièvement d'autres mardi.

Des centaines d'étudiants ont obtempéré, ne sachant où aller pour la plupart d'entre eux qui sont originaires de province, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Matelas, valises, baluchons, appareils électroménagers, les jeunes gens ont emporté à la va-vite leurs affaires sur des taxis-motos ou dans des taxis jaunes qui ont fait des bonnes affaires.

"Mes parents m'ont envoyé en urgence 80 dollars", déclare un étudiant en droit, Trésor Loleka, dont les parents, agriculteurs, vivent à Lodja, au Sankuru (centre).

Le jeune homme affirme avoir trouvé un studio dans un quartier pauvre au nord de l'Unikin.

"Je vais squatter notre église", ajoute un autre étudiant, Louison Badibanga.

A distance, deux jeeps de policiers armés surveillent l'évacuation du campus, dans l'indifférence totale des étudiants.

A la nuit tombée, des colonnes d'habitants des quartiers populaires et pauvres voisins de l'Unikin emportent ce que les occupants n'ont pu transporter: table, chaises, ustensibles de cuisine...

Depuis lundi, les étudiants de l'Unikin protestent contre l'augmentation des frais de scolarité, à 285 dollars en 2020, contre 275 l'année dernière.

Dans le détail, ils protestent contre le nouveau taux de conversion du franc congolais (FC) avec le dollar, passé de 920 à 1.700 FC, le taux officiel pour toutes les transactions.

Le gouvernement avait demandé mardi la fermeture du campus et l'évacuation des résidences universitaires "dans les 48 heures".

La police avait demandé aux étudiants d'évacuer "volontairement" le campus et la cité universitaire, "avant le lancement de l'opération de déguerpissement forcé".

Les responsables de la mort mardi d'un policier "ne sont pas des étudiants de l'Unikin mais des infiltrés", a déclaré le directeur de cabinet du président de la République, Vital Kamerhe, au site d'information actualité.cd.

Le président de la République Félix Tshisekedi "va recevoir le comité des étudiants" avant le prochain conseil des ministres vendredi, a-t-il ajouté.