Retraits d'huiles végétales et des produits Lactalis des supermarchés camerounais

Échantillon d’huile végétale non-conforme saisie par les agents du ministère du commerce du Cameroun, le 4 février 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Le Cameroun mène actuellement deux opérations de retrait sur le marché des produits dits dangereux à la consommation. Il s’agit des huiles végétales raffinées non enrichies à la vitamine A, et des produits de la société française Lactalis. Cette opération suscite moult réactions chez les consommateurs et les responsables d’associations de consommateurs.

La direction générale des douanes a ordonné à ses unités opérationnelles de rechercher et saisir les stocks d’huiles végétales impropres à la consommation, déversées sur l’ensemble du territoire camerounais.

Le message fax signé à cet effet par le directeur général des douanes est pour certains Camerounais, un aveu d’incompétence.

Delors Magellan Kamgaing Kamseu, président de la ligue camerounaise des consommateurs du Cameroun, le 4 février 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"Il faut dénoncer le fait que les administrations des frontières et notamment douanières aient pu permettre que ces produits entrent au Cameroun. Si tel n’était pas le cas, on n’en parlerait pas", déplore Delors Magellan Kamgaing Kamseu, président de la Ligue camerounaise des consommateurs.

Il accuse sur ce coup, la complicité des services des douanes et les services en charge des contrôles des marchés au Cameroun qui "ne font pas efficacement leur travail".

Avec les alertes aux produits dangereux, la ligue camerounaise des consommateurs se dit interpellée dans ses missions de sensibilisation du public sur leur santé.

"Il faut que les consommateurs camerounais apprennent à vérifier les produits qu’ils achètent", conclut Delors Kamgaing, qui est par ailleurs, promoteur de la chaîne de télévision "Conso TV", axée sur l’éducation des consommateurs camerounais.

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Certains consommateurs ignorent tout sur la circulation des produits dangereux sur le marché local.

"Je ne savais pas qu’il y avait certains produits impropres à la consommation en circulation au Cameroun. J’achète et j’utilise seulement sans m’enquérir de quoi que ce soit", a confié à VOA Afrique, Emiliennne, une jeune mère rencontrée à l’entrée d’un grand espace commercial de Yaoundé.

Selon les douanes camerounaises, "plus de six marques d’huiles végétales raffinées non enrichies à la vitamine A, sont actuellement en circulation sur l’ensemble du territoire camerounais".

En plus des bouteilles d’huiles végétales, sans étiquette, elles aussi, non-conformes à la norme camerounaise.

Contactée à plusieurs reprises par VOA Afrique, la direction générale des douanes à Yaoundé, n’a pas souhaité en dire plus sur le bilan de l'opération.

Le cas Lactalis

Par contre, au ministère du Commerce, qui diligente le retrait des produits Lactalis du marché camerounais, l’on rassure que l’opération connaît un succès sur le terrain depuis fin décembre 2017.

"Dès que Lactalis a publié le premier communiqué sur les produits à retirer du marché, le ministre du commerce a instruit ses collaborateurs à veiller à leur retrait du marché camerounais", indique Desiré Manga Anaba, de la brigade nationale des contrôles et de la répression des fraudes au ministère du commerce du Cameroun.

Une notice qui prévient les consommateurs français des risques des produits Lactalis.



M. Annaba ajoute que "un conteneur des produits Lactalis a été scellé à Douala, capitale économique du Cameroun".

C’est ainsi qu’il affirme "vous pouvez aller dans les espaces commerciaux, vous n’allez trouver aucun produit Lactalis".

Résultat, « grâce à la brigade nationale des contrôles et de la répression des fraudes, tous les fournisseurs ont déjà dans leurs magasins, l’état presque complet des produits qui ont été retournés au niveau de leurs services » a-t-on appris de M. Anaba.

Pour mener à bien cette opération de retrait des produits Lactalis, une campagne d’affichage pour la sensibilisation du grand public a été également faite au Cameroun. Une campagne qui semble avoir ses fruits

"J’ai appris à travers les médias qu’il y a le retrait des céréales, laits infantiles et sels de réhydration orale de la marque Lactalis au Cameroun. J’ai vu certaines affiches dans les marchés de Yaoundé. Je sais par exemple que le beurre de table 'président', ne doit plus être consommer pour le moment", a relaté une Dorette Viviane, habitante de Yaoundé à VOA Afrique.

Témoignage d’une victime

Au Cameroun, les produits contrefaits, périmés ou non-conformes, se retrouvent très souvent dans les marchés.

Blanche, une consommatrice victime, a confié à VOA Afrique « que les employés d’un grand surpermarché au Cameroun, ont dévoilé que leur employeur exigeait qu’ils falcifient nuitamment les dates de péremption de certains produits ».

Malheureusement, "j’avais au moment des faits acheté l’un de ces produits", reconnaît-elle.

En 2017, les autorités avaient démantelé à Douala, un entrepôt de riz avarié qui était remis à la commercialisation par un individu.

Ce dernier mettait le mauvais produit dans les de nouveaux emballages, sur lesquels, il inscrivait une nouvelle date de péremption.

Le mal est donc profond et les consommateurs camerounais de plus en plus en danger.

Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé