Publication de l'édition 2014 de l'Indice de la pauvreté multidimensionnelle d'Oxford

Des femmes attendant de trouver un travail au Burkina Faso

La pauvreté n'est pas seulement le fait d'un manque de moyens financiers. Selon l’université Oxford en Grande Bretagne, elle est due à toute une gamme de facteurs que l’on devrait intégrer aux prochains objectifs du millénaire pour le développement (OMD) des Nations Unies (Onu).

Oxford met au point depuis plusieurs années un Indice de la pauvreté multidimensionnelle (IPM), une mesure qui retient 3 dimensions: santé, éducation et niveau de vie. C’est pour ne plus classer au même rang tous ceux qui touchent moins d'1,25 dollars par jour, mais reconnaître les différences parfois criantes qui persistent entre ces démunis.

Les trois dimensions de l’indice sont elles-mêmes composites : par exemple, la dimension « niveau de vie » inclue l’électricité, l’accès à l’eau potable, l’assainissement, la saleté des sols, la saleté des combustibles, le moyen de déplacement, le frigidaire et la télévision.

L’édition 2014 de l’indice, qui vient d’être publiée, a porté sur 108 pays qui abritent 78 % de la population mondiale. Environ 1,6 milliards de leurs habitants sont pauvres à plusieurs égards, et il s’agit en majorité de personnes habitant en milieu rural.

« Ce que je veux dire, c’est qu’une personne éprouve plusieurs choses à la fois. On peut ne pas posséder beaucoup d'actifs et on peut souffrir de malnutrition. Et on peut ne pas avoir plus de cinq années de scolarité. Donc, plusieurs choses vont mal à la fois dans la vie de ces pauvres. C'est ce que cela signifie, être pauvre de façon multidimensionnelle », explique la directrice de l’Initiative d’Oxford sur la pauvreté et le développement humain, le Dr Sabina Alkire.

Dans une cinquantaine de pays, l’indice montre que la moitié des pauvres sont tellement démunis de tout qu’ils devraient être classés aux rangs des indigents. Ils sont quelques 420 millions d’êtres humains dans ce cas, en majorité en Asie du Sud-Ouest , dont 343 millions en Inde. En ce qui concerne l’Afrique, elle compte environ 200 millions d’indigents répartis dans 24 pays. Le Niger étant le pays qui souffre le plus de ce phénomène de pauvreté multidimensionnelle, puisqu’il frappe près de 69 % de la population.

Malgré tout, ajoute Mme Alkire, les politiques visant à réduire la pauvreté donnent des résultats.

« Nous avons étudié l’évolution de 34 pays cette année, qui abritent 2,5 milliards de personnes. Et 30 de ces pays reflétaient une réduction significative de la pauvreté. La très bonne nouvelle, c'est que c’est dans les pays à faible revenu et les pays les moins avancés que la pauvreté diminue le plus rapidement », affirme M. Alkire.

Selon Oxford, le nombre d’indigents en Ethiopie a été réduit de 30 % entre 2000 et 2011. D’autres progrès significatifs ont été notés au Niger, Rwanda, Ghana, et en Tanzanie et Zambie notamment.

Les huit objectifs du millénaire pour le développement, qui visent notamment à réduire de manière significative la faim et la pauvreté, ont pour date cible l’année 2015. L’espoir d’Oxford est que l’IPM soit intégré dans les prochains objectifs que se fixera l'Onu pour assurer un minimum à la population de toute la planète.