Pointé du doigt après le scandale de l'athlétisme russe, le Kenya crée une agence antidopage

Stanley Biwott au marathon de New York, le 1er novembre 2015. (AP Photo/Craig Ruttle)

La création "immédiate" d'une agence nationale antidopage a été annoncée samedi, quelques heures après la suspension de la Russie par la Fédération internationale d'athlétisme.

Le Kenya, nation majeure de l'athlétisme en plein scandale de dopage, et pays dont plusieurs athlètes ont récemment été contrôlés positifs, a décidé la création "immédiate" d'une agence nationale antidopage, selon un communiqué du gouvernement reçu samedi.

Cette décision a été prise vendredi, quelques heures avant la suspension par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) de la Russie, accusée de "dopage organisé" par une commission d'enquête de l'Agence mondiale antidopage (AMA). Publié lundi, le rapport d'enquête, dirigée spécifiquement contre l'athlétisme russe, affirme que la Russie n'est pas le seul pays concerné par le dopage de ses athlètes.

La mission de cette nouvelle "Agence antidopage du Kenya" est de "mener des contrôles antidopage dans le pays, de favoriser l'intégrité et l'absence de dopage dans le sport, de superviser les poursuites judiciaires liées au dopage, de promouvoir le (...) combat contre le dopage, de développer et mettre en oeuvre les règles et règlements antidopage", indique le communiqué du gouvernement.

Elle "coopérera" notamment avec l'AMA "dans ses activités de lutte contre le dopage menées au Kenya", précise le gouvernement.

Fierté nationale, l'athlétisme kényan a obtenu onze médailles dont deux titres aux derniers JO de Londres. Mais il se sait dans le collimateur car une trentaine d'athlètes kényans ont été suspendus pour dopage depuis 2012, et craint de subir le même sort que la Russie.

"Le Kenya a un vrai problème. S'ils ne travaillent pas sérieusement (contre le dopage), je pense que quelqu'un le fera pour eux", avait averti sans détour en début de semaine Dick Pound, président de la commission d'enquête de l'AMA, citant notamment un reportage de la télévision allemande ARD à l'origine des investigations contre la Russie et qui accusait aussi de dopage des athlètes kényans.

La star kényane du marathon Rita Jeptoo a été suspendue en janvier pour deux ans après un contrôle positif à l'EPO et les sprinteuses kényanes Koki Manunga (400 m haies) et Joyce Zakary (400 m) ont été contrôlées positives en août pendant les Mondiaux de Pékin, où le Kenya a fini pour la première fois en tête du tableau des médailles (sept médailles d'or, six d'argent et trois de bronze).

La légende kényane Kip Keino, qui a glané cinq médailles olympiques, dont deux titres aux JO-1968 (1.500 m) et 1972 (3.000 m steeple), a récemment averti que l'AMA "pense que le Kenya met le problème du dopage sous le tapis" et pourrait "demander la suspension du Kenya de toute compétition pour quatre ans, dont les JO-2016".

Le vice-président kényan William Ruto avait annoncé en septembre, après les deux contrôles positifs à Pékin, la rédaction d'un projet de loi pour punir pénalement le dopage.

AFP