Nouveaux pourparlers de paix sur la Syrie à Genève sans grand espoir

Staffan de Mistura (à droite) accueillant l'un des leaders de l'opposition syrienne, Nasr al-Hariri du HCN, Genève, Suisse, le 27 février 2017.

L'ONU ouvre mardi à Genève un nouveau cycle de négociations pour mettre fin à la guerre en Syrie, déjà éclipsé par des pourparlers parallèles menés par la Russie, l'Iran et la Turquie ainsi que par les défaites des rebelles à Damas.

En six ans, le conflit d'une violence inouïe a causé la mort d'au moins 320.000 personnes, chassé des millions de Syriens de leurs foyers et détruit l'économie et les infrastructures de ce pays du Proche-Orient.

Les efforts pour y mettre fin se mènent désormais sur deux circuits concurrents: le processus politique formel se déroule au siège de l'ONU à Genève depuis 2014 tandis que des pourparlers parallèles se tiennent depuis janvier à Astana au Kazakhstan à l'initiative de la Turquie, soutien des rebelles, de la Russie et l'Iran, alliés du régime de Bachar al-Assad.

Depuis l'élection de Donald Trump comme président, les États-Unis, qui appuient les rebelles, se sont mis en retrait du processus de paix qu'ils présidaient auparavant avec la Russie.

L'ONU cherche aujourd'hui à rester par tous les moyens dans la course après l'important accord signé à Astana le 4 mai et qui prévoit de créer des "zones de désescalade" en Syrie pour limiter l'effusion de sang.

Depuis l'entrée en vigueur de l'accord il y a une semaine, les combats ont diminué dans plusieurs régions du pays.

Mais à Damas, que l'on inclut pas dans l'accord, le gouvernement syrien a réussi à obtenir l'évacuation des rebelles de trois quartiers qu'ils détenaient depuis quatre ans. Il est maintenant en passe de reprendre le contrôle total de la capitale syrienne.

'Battre le fer'

S'adressant aux journalistes la semaine dernière à Genève, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a souligné le fait que le nouveau cycle de pourparlers sera "plutôt court" --quatre jours-- afin de "battre le fer tant qu'il est chaud".

"La réunion d'Astana à laquelle nous avons participé activement a donné des résultats extrêmement et potentiellement prometteurs. Nous voulons lier autant que possible ces résultats avec l'horizon politique", a-t-il précisé.

Plusieurs sessions de négociations sous l'égide de l'ONU n'ont abouti à aucun résultat, même si lors de la dernière réunion, les participants se sont enfin mis d'accord pour discuter de quatre thèmes: la gouvernance, une nouvelle Constitution, les élections et la lutte contre le "terrorisme".

Malgré la "valeur symbolique puissante que représentent (les négociations de Genève), elles ne progressent pas de manière visible", remarque Aron Lund, chercheur à la Fondation Century, un centre de réflexion basé aux Etats-Unis.

"Dans la pratique, le processus de Genève a été largement éclipsé par celui d'Astana, au moins jusqu'à présent", ajoute-t-il.

Impasse

Les protagonistes arriveront lundi à Genève à la veille des négociations.

La délégation du régime sera conduite, comme depuis le début, par l'ambassadeur syrien aux Nations unies Bachar al-Jaafari.

Celle de l'opposition représentée par le Haut comité des négociations (HCN) basé à Ryad, sera menée par Nasr al-Hariri et Mohammad Sabra.

Le HCN persiste à demander le départ de Bachar al-Assad comme préalable à la transition politique, ce qu'exclut le régime.

"Dans sa forme, le processus de Genève tourne autour de cette impasse", souligne à l'AFP M. Lund.

"L'effet principal de lier la paix à la transition a pour effet de marginaliser l'ONU à Genève et de faire que l'attention se tourne vers Astana", estime-t-il.

La Turquie, la Russie et l'Iran ont initié en janvier des pourparlers au Kazakhstan pour renforcer un cessez-le feu en Syrie.

"Le processus d'Astana (...) s'inscrit davantage dans les termes choisis par la Russie. Il est plus en corrélation avec les réalités sur le champ de bataille", selon M. Lund.

Le président Assad, lui-même, a dénigré les prochaines négociations de Genève en soulignant "qu'il s'agit principalement d'une rencontre pour les médias".

"Il n'y a rien de substantiel (...). C'est nul" a-t-il déclaré dans une interview à la télévision biélorusse ONT.

"Astana, c'est différent. Cela a commencé a produire des résultats avec plusieurs tentatives d'aboutir à un cessez-le-feu, la plus récente avec ce qu'on appelle les 'zones de désescalade'".

Avec AFP