L'Ordre de Malte conteste une enquête lancée par le pape

Le pape François lors de la priere dominicale sur la place Saint Pierre au Vatican, le 18 décembre 2016.

L'Ordre souverain de Malte, l'une des plus anciennes institutions chrétiennes, a jugé "inacceptable" une enquête diligentée par le pape après le renvoi d'un haut gradé de l'ordre, soulignant dans un communiqué qu'il s'agissait d'une décision purement "interne".

L'Allemand Albrecht von Boeselager, grand chancelier de l'Ordre de Malte depuis 2014, a été démis de ses fonctions le 8 décembre pour avoir toléré la distribution de préservatifs à des personnes à risque de contracter le virus du sida, selon des médias catholiques.

Or l'usage des préservatifs reste un sujet relativement tabou au sein de l'Eglise catholique.

Jeudi, le pape François avait nommé une commission de cinq membres éminents pour éclaircir l'affaire.

"Le remplacement de l'ancien grand chancelier est un acte de l'administration gouvernementale interne de l'Ordre souverain de Malte et, par conséquent, relève uniquement de sa compétence", a rétorqué l'institution dans un communiqué publié vendredi sur son site internet.

Le 6 décembre, le grand maître de l'Ordre, Fra' Matthew Festing, avait convoqué Albrecht von Boeselager pour exiger "sa démission". L'Allemand, issu d'une grande famille ayant combattu Adolf Hitler, avait refusé, un acte qualifié de "déshonorant" par un ordre basé sur la stricte obéissance des "chevaliers" à leur supérieur.

Le grand maître a envoyé une lettre au pape pour expliquer pourquoi "les suggestions faites par le Secrétariat d'Etat (tête du gouvernement du Vatican) n'était pas acceptables", précise encore son communiqué.

Le renvoi du responsable allemand avait été notifié en présence du cardinal américain Raymond Burke, représentant du pape à la tête de l'Ordre.

Or cet ultra-conservateur, placé à ce poste honorifique pour être écarté du gouvernement du Vatican, défie ouvertement le pape sur un important texte sur les divorcés.

M. von Boeselager a expliqué dans un courriel à des amis qu'il avait été renvoyé parce qu'il serait "un catholique libéral", rapporte La Croix.

L'Ordre de Malte, dont les origines remontent aux croisades, a été fondé à Jérusalem en 1048 comme une communauté d'hospitaliers soignant les malades, avant d'être reconnu par le pape en 1113.

Aujourd'hui actif dans 120 pays, il gère des hôpitaux et dispensaires, avec 13.500 membres et 100.000 employés ou bénévoles.
Avec AFP