Les présumés tueurs de Charlie Hebdo cernés en Seine-et-Marne

Les frères Kouachi sont les personnes cernées dans un bâtiment de Dammartin-en-Goële, selon les autorités françaises

"Actuellement une opération est en cours à Dammartin-en-Goële, qui mobilise l'ensemble des services présents sur zone", a dit à la presse le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

DAMMARTIN-EN-GOELE, Seine-et-Marne (Reuters) - Une vaste opération de police est en cours en Seine-et-Marne dans le cadre de la recherche des deux suspects de la tuerie de Charlie Hebdo et le ministère de l'Intérieur a la quasi-certitude que les frères Kouachi sont les personnes cernées dans un bâtiment.

"Actuellement une opération est en cours à Dammartin-en-Goële, qui mobilise l'ensemble des services présents sur zone", a dit à la presse le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. "La mobilisation est générale."

Chérif et Saïd Kouachi, les deux suspects de la fusillade qui a fait mercredi 12 morts à la rédaction de l'hebdomadaire satirique à Paris, sont très vraisemblablement présents dans les locaux d'une entreprise de cette bourgade située à 40 km au nord-est de Paris, non loin de l'aéroport Charles-de-Gaulle.

"Nous avons la quasi-certitude qu’il s’agit de ces deux individus qui sont retranchés dans ce bâtiment, notamment par l'exploitation d'un certain nombre de témoignages", a dit le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre-Henry Brandet, sur iTELE.

De source policière, on parle de la prise en otage d'une personne dans l'entreprise de Dammartin-en-Goële et des médias ont fait état d'au moins un mort et de blessés.

Mais le parquet de Paris et Pierre-Henry Brandet ont démenti qu'il y ait des morts ou des blessés. Ils ont ajouté ne pas pouvoir confirmer que les deux auteurs présumés de la tuerie de Charlie Hebdo détiennent un otage.

Les deux suspects ont dit qu'ils voulaient mourir en martyr, a dit le député UMP de Seine-et-Marne Yves Albarello, présent au PC de crise sur place, sur iTELE.

DES SNIPERS SUR DES HÉLICOPTÈRES

Cinq hélicoptères survolent la zone industrielle proche de la ville, selon un journaliste de Reuters sur place.

La presse est bloquée par les forces de l'ordre à environ un km de l'endroit où se déroulent les opérations. Mais un photographe de Reuters a pu s'approcher et a vu les gendarmes du GIGN s'équiper et avancer lentement dans le quartier. Il a aussi vu des snipers sur les hélicoptères.

Sur son site internet, la mairie de Dammartin-en-Goële invite tous ses habitants à rester chez eux et a confiné les enfants dans les écoles.

Bernard Cazeneuve a par ailleurs annoncé que l'enquête sur l'assassinat jeudi d'une policière à Montrouge (Hauts-de-Seine), près de Paris, avançait "avec des éléments importants qui ont été récupérés par les services de la préfecture de police de Paris notamment".

Lors d'une réunion avec des préfets, le Premier ministre, Manuel Valls, a fait savoir qu'il serait "sans doute nécessaire de prendre de nouvelles mesures" pour répondre aux menaces.

L'entourage de François Hollande a précisé que les autorités savaient depuis jeudi que les suspects étaient restés dans la zone où ils avaient été identifiés. Une vaste opération a été menée jeudi dans la région de Villers-Cotterêts (Aisne), à 80 km au nord-est de Paris, pour appréhender les frères Kouachi, dont la présence sur place avait été signalée par des témoins.

FILIÈRE YEMENITE

Neuf personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur l'attentat, une attaque sans précédent en France et qualifiée de "terroriste" par François Hollande.

L'une des personnes en garde à vue est un jeune homme de 18 ans, Hamyd Mourad, qui s'est présenté de lui-même mercredi au commissariat de Charleville-Mézières, dans les Ardennes. Les huit autres sont des proches ou des membres de l'entourage des frères Kouachi.

Si le plus jeune des frères Kouachi, Chérif, avait été condamné en France pour avoir fait partie d'un réseau djihadiste -- il avait été interpellé en 2005 alors qu'il s'apprêtait à se rendre en Irak pour y combattre --, les autorités françaises n'ont pas fait état du même parcours pour l'aîné, Saïd.

Mais des sources européennes et américaines proches de l'enquête ont déclaré jeudi à Reuters que Saïd Kouachi s'était rendu au Yémen en 2011 pour s'entraîner avec des militants islamistes liés à Al Qaïda. Il serait resté plusieurs mois au Yémen pour s'entraîner avec les militants d'Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).

Lorsque Saïd Kouachi est revenu en France après son séjour au Yémen, lui et son frère se sont gardés de toute activité risquant d'attirer sur eux l'attention des services de sécurité, dit-on de mêmes sources.

Un haut responsable des services de renseignement yéménites a précisé vendredi que Saïd Kaouchi avait rencontré l'ancien prédicateur d'Al Qaïda Anouar al Aoulaki lors de son séjour. Mais il n'a pas confirmé qu'il avait suivi un entraînement militaire, évoquant des études religieuses. Anouar al Aoulaki a été tué en septembre 2011 dans une attaque de drone américain.

L'attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo, qui a suscité une vive émotion dans le pays et entraîné la déclaration d'une journée de deuil national jeudi, est la plus meurtrière commise en France depuis les vagues d'attentats islamistes à Paris en 1986 (12 morts dans une dizaine d'attentats) et 1995 (huit morts et près de 120 blessés dans le RER B à la station Saint-Michel.