Les milices congolaises forceraient les civils à leur acheter des armes

Des miliciens rebelles dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC)

Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les groupes armés ont imposé une nouvelle loi aux familles des villages qu’ils contrôlent : chacune d’entre elles devra acheter une arme à feu auprès du groupe armé local, pour éviter de faire face à des conséquences fâcheuses.

Ce ne sont pas les armes qui manquaient déjà dans le Masisi. Maintenant, et d’après de nombreuses personnes qui y ont fui la violence, posséder une arme à feu est devenu pratiquement une obligation dans certains des villages de ce territoire.
Ces personnes déplacées, qui appartiennent à différentes ethnies de la région, vivent dans un camp au village de Shasha, non loin du Masisi. Le soi-disant dirigeant du camp, Adolphe Bonane, est un pygmée:

Selon M. Bonane, ceux qui essaient de retourner à leurs villages, pour s’occuper de leurs champs, se voient dire par les groupes armés qu’ils doivent acheter des armes à feu. Et une dizaine de ses compagnons, dont Nyirumba Vuleta, le confirment.

M. Vuleta affirme avoir été harcelé quand il est retourné à son village. Les hommes armés qui contrôlent le secteur lui ont dit que, puisqu’il a un champ, il doit avoir un fusil, et s’il n’en achète pas un, il devra partir.

Mais ce n’est pas tout, explique M. Bonane, il y a une troisième option : travailler comme un esclave. Selon lui, on force les villageois à acheter des fusils pour qu’ils puissent défendre leurs villages en cas d’attaque. Ceux qui ne se plient pas à cette décision sont obligés de travailler, sans paie, comme gardiens. Et si les désaccords avec le groupe armé local persistent, ils risquent de perdre leurs terres.

Cette nouvelle loi sur les achats d’armes a été imposée en mai dans les territoires de Masisi et de Walikalé par les milices Nyatura et Raia Mutomboki.

En avril, dit encore M. Bonane, un AK-47 coûtait seulement 25 ou 30 dollars dans les territoires en question.

Selon lui, des politiciens et certains officiers de l’armée fournissent ces armes, mais il a – comme beaucoup d’autres – refusé de s’armer, pour éviter d’être pris pour des combattants rebelles.

Parmi les politiciens identifiés par Adolphe Bonane: Jean-Bosco Sebishimbo, un député provincial du Nord-Kivu, qui dément.

A la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC, la Monusco, une source dit qu’une équipe se rendra au camp de Shasha pour enquêter sur ces allégations.