Les Frères musulmans, dans le collimateur de la justice égyptienne

Un mandat d'arrêt a été lancé contre Mohammed Badie,guide suprême des Frères musulmans

La justice égyptienne a ordonné mercredi l'arrestation du chef des Frères musulmans, et de plusieurs hauts responsables de la confrérie, en rapport avec les violences meurtrières survenues lundi au Caire.

Dans un communiqué, le ministère égyptien de la Justice a précisé que des mandats d'arrêt ont été émis contre le guide suprême des Frères musulmans, Mohammed Badie, et une dizaine d’autres personnes. Ils sont soupçonnés d'avoir incité à la violence devant le siège de la Garde républicaine au Caire en début de semaine. Les violences ont coûté la vie à plus de 50 personnes.

Un porte-parole des Frères musulmans, Gehad El-Haddad, a dénoncé cette décision sur Twitter, ajoutant qu'il était lui-même accusé de trahison.

Ce sont des mandats d'arrêt « très difficiles et cruciaux en cette période parce qu’on a vu des déclarations télévisées pour ces hauts responsables de la confrérie qui incitent les gens à la violence » a estimé Mohamed el-Azzawy, rédacteur en chef du journal « Le Progrès Égyptien ».

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Ecoutez Mohamed El-Azzawy du journal Le Progrès Égyptien



Néanmoins, a-t-il poursuivi, le lancement des mandats d’arrêt enflamme la situation. « Il faut que les deux côés calment un peu la situation. Ce n’est pas à travers l’incitation aux violences qu’on va traverser cette période difficile », ajoute M. Azzawy.

Mercredi matin, les médias officiels avaient annoncé que le nouveau Premier ministre intérimaire, Hazem el-Biblawi, avait prévu d'offrir des postes au sein du cabinet aux Frères musulmans et au parti islamiste Nour. Les Frères musulmans tout comme le parti Nour ont critiqué le plan de transition annoncé par l’armée et le Président intérimaire Adly Mansour.

Ce plan comprend des mesures pour modifier la constitution et organiser de nouvelles élections législatives et présidentielles.

Les Frères musulmans et d'autres partisans du président déchu Mohamed Morsi ont rejeté à plusieurs reprises les invitations à participer à des négociations en vue d'un retour à la démocratie.

Malgré le début du Ramadan, de nombreux partisans de Morsi restent campés sur la place Rabaa al-Adawiya au Caire, exigeant son retour.

La Maison Blanche et le département d'Etat américain ont appelé mardi toutes les parties à œuvrer en vue d’un retour pacifique à la démocratie. Selon le porte-parole du président Obama, Jay Carney, Washington est « prudemment encouragé » par la feuille de route adoptée par le gouvernement intérimaire, mais il a également exhorté toutes les parties à s'abstenir de toute violence.

L’ONG de défense des droits humains Amnesty International (AI), qui est basée à Londres, affirme avoir réuni des preuves suggérant que les forces de sécurité ont utilisé une « force excessive » contre les manifestants lors des affrontements de lundi qui ont fait 51 morts. Le groupe a reconnu que des manifestants ont eu recours à la violence, mais affirme que la riposte de l'armée était « disproportionnée ».

En dépit des tensions, les Emirats arabes unis (EAU) et l'Arabie saoudite ont annoncé mardi des programmes d'aide à l'Egypte d'une valeur d’un milliard de dollars.