Les chefs coutumiers s'engagent contre les violences en Ituri en RDC

Les chefs coutumiers signent un document contre les violences en Ituri en RDC, 16 mars 2018. (Facebook/Henri Mova)

Des chefs coutumiers se sont engagés en signant un document pour que prennent fin les violences interethniques en Ituri.

Ils ont signé devant les autorités du gouvernement central un acte d’engagement.

"Les chefs des secteurs et des chefferies du territoire de Djugu ont fumé le calumet de la paix ; un acte d'engagement pour mettre fin aux différends et aux violences communautaires déclenchées en décembre dernier ", indique le ministre de l’Intérieur Henri Mova qui séjourne dans la zone depuis 12 jours.

Ce document est signé alors que les affrontements ont fait depuis décembre des centaines de morts, plus de 100.000 déplacés internes, selon l’Unicef, et plus de 57.000 réfugiés qui ont fui en Ouganda depuis janvier, selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Babar Baloch.

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Les membres de la société civile et les analystes sont sceptiques car ces communautés ont déjà signé plusieurs fois par le passé de tels actes d’engagement qu’ils ont violé pour reprendre les affrontements.

"Les Lendu et autres sont instrumentalisés par une vaste conspiration du régime Kabila, l'Ouganda et les multinationales", soutient Moise Baguma du CRDH (Convention pour le respect des droits de l’homme) dans la province.

"Il ne faut pas administrer des soins épidermiques quand le mal est profond. Même quand la CPI (Cour pénale internationale) est intervenue et a pris deux leaders de chaque milice ou communauté, on a vu les résultats que ça a produit. Il a fallu un mégot de cigarette pour que cela explose à nouveau", a prévenu Nicaise Kibelbel O’ka, éditeur du journal Les Coulisses et auteur du livre Des violences en Ituri aux pillages de l’or de Kimoto.

L'opposition politique dénonce également "l'instrumentalisation du conflit" et interpelle le gouvernement pour que ces violences ne servent pas de prétexte en vue de reporter une fois de plus les élections prévues pour le 23 décembre.

"Il s’agit d’une instrumentalisation ethnique pour déclencher la guerre entre les Hema et les Lendu dans le but inavoué de semer le chaos, avec notamment comme conséquences le déplacement des populations loin de leurs lieux d’enrôlement", soutiennent dans une déclaration Felix Tshiseki de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Eve Bazaiba du MLC du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) et Vital Kamerhe de l’Union pour la nation congolaise (UNC).

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Ces leaders de l’opposition appellent à une "implication rapide la Monusco (Mission des Nations unies en RDC) et des communautés locales pour arrêter ce génocide".

Les critiques dénoncent une main cachée derrière les richesses minières de la région.

Le Haut-commissariat de l'ONU a, pour sa part, dit craindre que des milliers d’autres réfugiés arrivent en Ouganda si la sécurité ne s'améliore pas immédiatement en RDC.

En Ituri, un conflit foncier avait dégénéré en 1999 en massacres entre ethnies des Hema et Lendu, qui avaient alors chacun une branche armée et des miliciens. Les combats, qui portaient sur le contrôle de cette région riche en or, avaient fait plus de 60.000 morts et 600.000 déplacés, selon Human Rights Watch.

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En juin 2003, cette violence avait déclenché l'intervention d'une force militaire de l'Union africaine.

Les violences en Ituri représentent l'un des nombreux conflits qui déchirent l'est de la RDC.