Le Sénégal refuse que Papa Massata Diack soit auditionné par la justice française

Papa Massata Diack, au centre, fils de l'ancien président de l'IAAF Lamine Diack arrive au commissariat central de Dakar, au Sénégal, lundi 17 février 2016.

Les juges français ont adressé au Sénégal une demande pour que Papa Massata Diack soit entendu dans l'enquête pour corruption qui vise son père Lamine Diack, ancien patron de l'athlétisme mondial, mais ils se sont heurtés à un refus de Dakar, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

Au coeur de l'enquête, Papa Massata Diack est visé par un mandat d'arrêt international des juges d'instruction, mais le Sénégal avait fait savoir qu'il ne l'extraderait pas. Soupçonné d'avoir eu un rôle dans la retentissante affaire de corruption pour masquer des cas de dopage d'athlètes russes, il a de nouveau été visé par des révélations du journal Le Monde en date du 4 mars sur une possible corruption en 2009 autour de l'attribution des JO-2016 à Rio.

"Il y a un acharnement indigne créé autour de cette affaire, alors que l'enquête n'est pas sérieuse et n'a pas été faite de manière professionnelle et contradictoire", a répliqué Papa Massata Diack lundi dans un entretien à l'AFP.

"Qu'on vienne au Sénégal enquêter et que je puisse répondre officiellement au lieu d'organiser des fuites dans la presse", a ajouté celui qui avait un rôle de consultant de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) dirigée par son père.

Outre le mandat d'arrêt, les juges français avaient adressé à Dakar en mai 2016 "une commission rogatoire internationale qui demandait notamment une mise en examen et une audition de Papa Massata Diack", a indiqué à l'AFP mardi une source judiciaire française.

Au cours de l'été 2016, "les autorités sénégalaises ont fait savoir qu'elles n'exécuteraient pas cette demande", a ajouté cette même source.

Le Monde a révélé qu'une société de Papa Massata Diack, Pamodzi Consulting, avait bénéficié le 29 septembre 2009, soit trois jours avant le vote à Copenhague du Comité international olympique (CIO) pour l'attribution des JO-2016 à Rio, d'un versement d'1,5 million de dollars d'une société, Matlock Capital Group, liée à l'homme d'affaire brésilien Arthur Cesar de Menezes Soares Filho. A l'époque, Lamine Diack était président de l'IAAF et membre votant du CIO.

Le Monde a aussi révélé que l'ancien sprinteur Frankie Fredericks avait reçu un versement de près de 300.000 euros d'une société de Papa Massata Diack le jour de l'attribution des JO-2016, alors qu'il était scrutateur du vote pour l'instance olympique. Le Namibien a assuré que ce versement était légal mais a démissionné mardi de ses fonctions à la tête de la Commission d'évaluation des JO-2024.

L'attribution des JO à Rio fait l'objet d'une enquête préliminaire du parquet national financier en France.

Avec AFP