Le Parlement grec a adopté une loi pour faciliter le renvoi des migrants en Turquie

Réfugiés et migrants avec leurs bagages avant leur embarcation à destination de leur pays d'accueil au port de Piraeus, en Grèce près d'Athènes le 31 mars, 2016.

Le Parlement grec a adopté vendredi soir une loi qui ouvre la voie au renvoi vers la Turquie des migrants arrivés en Grèce, dans le cadre de l'accord controversé UE-Turquie visant à endiguer le flux migratoire vers l'Europe.

"La loi a été adoptée sur le principe par la majorité de 169 députés sur 276 présents", a indiqué le président de séance, Tassos Kourakis.

La plupart des députés de la majorité gouvernementale alliant la gauche Syriza à la droite souverainiste Anel, ainsi que des députés des deux partis d'opposition, le Pasok (socialiste) et le Potami (centriste), ont voté en faveur du texte.

Le principal parti d'opposition, la Nouvelle-Démocratie, a voté contre le principe de la loi mais en faveur des dispositions concernant l'application de l'accord UE-Turquie. Le parti communiste et le parti néonazi Aube doré ont voté contre.

Le texte, comptant 100 pages et comprenant 87 articles, a été adopté en procédure d'urgence à trois jours du premier renvoi en Turquie, lundi, de migrants arrivés en Grèce après le 20 mars, date de la mise en oeuvre de l'accord.

Celui-ci prévoit le renvoi de Grèce en Turquie des migrants, y compris les demandeurs d'asile syriens, en échange de la "réinstallation" dans l'UE depuis la Turquie d'un Syrien pour chaque compatriote renvoyé, dans la limite maximale de 72.000 places.

"Des préparatifs sont en cours pour assurer que les renvois des personnes dont la demande d'asile avait été jugée irrecevable et pour ceux qui n'ont pas demandé de protection puissent commencer le 4 avril", a indiqué vendredi à Bruxelles Mina Andreeva, porte-parole de la Commission européenne, lors d'un point de presse.

L'objectif de la loi est d'une part d'introduire dans le droit grec une directive européenne qui permet, sous certaines conditions, le renvoi des migrants à un pays tiers, en l'occurrence la Turquie.

La loi prévoit d'autre part le renforcement des services d'asile, qui doivent désormais gérer des demandes d'asile de milliers de migrants arrivés sur les îles en Egée après le 20 mars mais aussi de ceux qui étaient bloqués en Grèce avant cette date en raison de la fermeture des frontières par de nombreux pays européens.

La Grèce compte actuellement plus de 52.000 migrants sur son territoire.

Face aux critiques sur l'accord formulées par l'ONU et de nombreux défenseurs des droits de l'homme, le ministre de l'Immigration Yannis Mouzalas a indiqué que le texte prévoit une procédure rapide exceptionnelle de 15 jours pour l'examen des demandes, et "respecte la convention internationale de Genève" de 1951 sur la protection de réfugiés.

Avec AFP