Le Parlement doit voter mardi la levée de l'immunité d'un ex-ministre au Mozambique

Le député et ex-ministre mozambicain des Finances Manuel Chang, lors d'une audience dans un tribunal à Johannesburg, Afrique du Sud, le 8 janvier 2019.

Le Parlement mozambicain est convoqué mardi pour voter la levée de l'immunité du député et ex-ministre des Finances Manuel Chang, détenu en Afrique du Sud dans le cadre d'un scandale de corruption, selon des sources parlementaires.

Manuel Chang est visé par une double demande d'extradition émanant des justices américaine - les fonds ont transité par les Etats-Unis - et mozambicaine.

"Le président du Parlement (mozambicain) a convoqué pour le 29 janvier une session spéciale de la commission permanente pour lever l'immunité de M. Chang", a déclaré à l'AFP un député qui a requis l'anonymat.

Cette convocation intervient à la demande de la Cour suprême et du procureur général du Mozambique.

Manuel Chang étant député, il ne peut être formellement arrêté au Mozambique qu'après autorisation du Parlement.

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Selon un document de la Cour suprême dont l'AFP a obtenu une copie, l'ancien grand argentier du pays est poursuivi dans son pays pour fraude, corruption, blanchiment d'argent et détournement de fonds publics.

Il est accusé d'avoir touché 5 millions de dollars de pots-de-vin pour avoir autorisé, lorsqu'il était ministre, des prêts frauduleux d'un montant total de 2,2 milliards de dollars accordés à des entreprises publiques mozambicaines.

Révélée en 2016, cette affaire a mis au jour un vaste système de corruption impliquant le sommet de l'Etat mozambicain, des banques étrangères et le groupe du milliardaire franco-libanais Iskandar Safa.

Elle a plongé le pays dans une grave crise financière. La plupart des bailleurs de fonds ont suspendu leur aide et Maputo a interrompu le remboursement de sa dette.

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L'ex-ministre Chang est le premier "gros poisson" présumé du dossier pris dans les filets de la justice. Trois ex-collaborateurs du Crédit suisse ont également été inculpés à Londres en janvier, avant d'être remis en liberté sous caution.

Manuel Chang a demandé sa libération conditionnelle. La justice sud-africaine doit se prononcer sur cette requête le 31 janvier.

Jeudi, la procureure sud-africaine Elivera Dreyer s'y est cependant est opposée. "Le risque est élevé que Manuel Chang s'échappe. Si la libération conditionnelle est acceptée, on ne le trouvera pas pour l'extrader vers les Etats-Unis", a-t-elle estimé.

Le 5 février, la justice sud-africaine étudiera la demande d'extradition de l'ancien ministre vers le Mozambique.