RDC

Le Nobel Mukwege déclare la "guerre contre l'indifférence"

Denis Mukwege, gynécologue congolais et co-lauréat du prix Nobel de la paix 2018, lors de sa conférence après avoir reçu son prix lors de la cérémonie du prix Nobel de la paix 2018 le 10 décembre 2018 à l'hôtel de ville d'Oslo, en Norvège.

Le médecin congolais Denis Mukwege, coléauréat du Nobel de la paix, a appelé la planète à cesser d'ignorer les victimes de violences sexuelles en temps de conflit, estimant que la seule guerre qui vaille est celle "contre l'indifférence".

"Ce ne sont pas seulement les auteurs de violences qui sont responsables de leurs crimes, mais aussi ceux qui choisissent de détourner le regard", a afirmé Denis Mukwege dans son discours de remerciement. "S'il faut faire la guerre, c'est la guerre contre l'indifférence qui ronge nos sociétés".

Surnommé "l'homme qui répare les femmes", le gynécologue de 63 ans soigne depuis deux décennies les victimes de violences sexuelles dans son hôpital de Panzi dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), région déchirée par des violences chroniques.

Dans des propos aux accents politiques à l'approche d'élections prévues le 23 décembre en RDC, ce critique du régime du président Joseph Kabila a dit voir "les conséquences déchirantes de la mauvaise gouvernance".

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"Bébés, filles, jeunes femmes, mères, grands-mères, et aussi les hommes et les garçons, violés de façon cruelle, souvent en public et en collectif, en insérant du plastique brûlant ou en introduisant des objets contondants dans leurs parties génitales", a-t-il énoncé.

M. Mukwege a aussi déploré que le sort de la population congolaise passe au second plan derrière l'exploitation sauvage des matières premières.

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"Mon pays est systématiquement pillé avec la complicité des gens qui prétendent être nos dirigeants", a-t-il affirmé. "Pillé aux dépens de millions d'hommes, de femmes et d'enfants innocents abandonnés dans une misère extrême tandis que les bénéfices de nos minerais finissent sur les comptes opaques d'une oligarchie prédatrice".

Lui en costume sombre, elle en robe bleue et noire, tous deux ont appelé de leurs vœux une réaction de la communauté internationale.

Pour M. Mukwege, les États doivent mettre fin à l'impunité "des dirigeants qui ont toléré, ou pire, utilisé la violence sexuelle pour accéder au pouvoir", soutenir la création d'un Fonds global de réparation pour les victimes de violences sexuelles, et sortir des tiroirs un rapport de l'ONU cartographiant les crimes de guerre et violations de droits en RDC.