Le bois du Cameroun peu transformé localement

Des grumes de bois destinées à l’exportation à Yaoundé, le 17 novembre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

La société civile dénonce l’accroissement des volumes d’exportation des grumes de bois au Cameroun : 800.000 m3 ont été exportés entre octobre 2018 et septembre 2019.

Selon une étude réalisée par le centre pour l’environnement et le développement (CED) et l’Environmental Investigation Agency (EIA), le Cameroun est encore à la traine en ce qui concerne la transformation du bois produit.

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La société civile dénonce l’accroissement des volumes d’exportation des grumes de bois


Une série de pertes

La situation engendre d’énormes pertes pour le pays. "Si on sortait des produits finis de chez nous, ne serait-ce que pour 10 ou 20%, du volume total du bois exporté, le secteur forestier aurait une contribution incroyable au développement de notre pays, en terme de création d’emplois, de partage de la richesse, et en terme de revenus pour le trésor public", explique Samuel Nguiffo du centre pour l’environnement et le développement, l’une des organisations à avoir mené l’étude sur "la production et l’exportation du bois au Cameroun".

L’incidence financière de l’exportation des grumes est de 60 milliards de francs CFA par an, donc 10 milliards représentant les impôts et les taxes.

A ce jour, le secteur forestier contribue seulement de 2% au marché de l’emploi au lieu de 8%, si la transformation au premier degré des volumes de grumes exportés était faite localement.

Samuel Nguiffo, secrétaire général du CED, face à la presse à Yaoundé, le 15 Novembre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Alerte sur la biodiversité

"Mais l’autre plus grande perte du Cameroun se situe ailleurs, Il y’a une pression accrue sur un nombre réduit d’essences", a souligné Achille Wankeu au cours d’une conférence de presse à Yaoundé.

Le jeune forestier, qui a par ailleurs dirigé l’étude sur la production et l’exportation du bois au Cameroun a constaté que, "l’exportation forestière est imposée par la demande extérieure".

D’après M. Wankeu, "les autres nous exigent certaines essences, par exemple, moins dix essences représentent à peu près 80% de l’exportation forestière".

Achille Wankeu, forestier et auteur de l’étude sur la production et l’exportation du bois au Cameroun à Yaoundé, le 15 novembre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Les grumes pour l’étranger

Les statistiques fournies par les organismes de la société civile montrent qu’en 2018, 70% du volume de bois en grumes produits au Cameroun ont été exportés vers la Chine et le Vietnam. L’Italie ou encore la Turquie, sont aussi les principales destinations des grumes camerounaises.

Ces pays ont une main d’œuvre qualifiée, parfois bon marché et surtout une meilleure politique d’industrialisation au contraire du Cameroun, "même les cuire dents sont importés au Cameroun, comment ne peut-on pas mettre sur pied une telle structure ?", s’interroge Benoit Ndameu de la branche locale de Environmental Investigation Agency (EIA).

Lire aussi : Le secteur agro-alimentaire camerounais mise sur les produits locaux

En 1994 lors de l’adoption de loi forestière, les parlementaires ont recommandé la transformation locale du bois. Mais cinq ans plus tard, des aménagements introduits dans ladite loi ont ouvert les vannes de l’exportation des grumes.

160 unités de transformation de bois sont opérationnelles au Cameroun pour 25.000 emplois directs. Mais les experts estiment que le secteur forestier peut générer plutôt jusqu’à 55.000 emplois directs si la transformation des grumes se fait localement.

Quinze entreprises d’exploitation forestière ont été suspendues ce mois par le ministre de la Forêt et de la Faune pour "fraude, violation des clauses, non-respect des normes ou exploitation non autorisé".