Deux morts dans l'attaque de la résidence du vice-président au Kenya

Le vice-président William Ruto arrive à une conférence donnée par Barack Obama à Nairobi, Kenya, le 25 juillet 2015.

Au moins un policier et un assaillant ont été tués dans l'attaque de la résidence du vice-président kényan William Ruto, lancée par un nombre inconnu d'hommes armés et à laquelle les forces spéciales ont mis un terme dimanche après un siège de près de vingt heures.

M. Ruto et sa famille ne se trouvaient pas chez eux lors de l'attaque, menée près d'Eldoret (ouest) à quelques jours d'élections générales qui s'annoncent serrées et tendues. Le président sortant Uhuru Kenyatta et M. Ruto, son colistier, y briguent un second mandat à la tête du pays face au leader de l'opposition Raila Odinga.

La maison du vice-président William Ruto à Sugoi après d'Eldoret, au Kenya,le 4 août 2010.

"Ceux qui cherchent à miner notre unité et nos progrès, ceux qui oeuvrent pour nous détruire en tant que nation, ils ne réussiront pas", a réagi dimanche M. Ruto, lors d'un meeting en amont des élections du 8 août, présentant ses "condoléances" à la famille du policier des forces spéciales tué lors de l'attaque.

Cette dernière - dont les motivations sont pour l'heure inconnues - a débuté samedi à la mi-journée. Un nombre inconnu d'hommes armés ont alors grièvement blessé un policier chargé de la sécurité et pénétré dans la propriété, ont indiqué des sources sécuritaires à l'AFP.

Après l'arrivée de renforts policiers, un assaillant s'est réfugié dans une pièce utilisée comme armurerie par la police affectée à cette résidence, une des mieux gardées du pays, prenant en otage un membre des forces spéciales finalement tué, a déclaré à la presse Wanyama Musiambo, responsable des opérations de sécurité dans la vallée du Rift.

"C'était une opération délicate parce qu'en étant dans l'armurerie, il avait un avantage et utilisait différentes armes (...), on avait l'impression qu'il y avait plus qu'une personne qui tirait", a précisé M. Musiambo.

Le siège a pris fin dimanche matin lorsque les forces spéciales ont tué l'assaillant, selon le chef de la police kényane Joseph Boinnet.

Samedi, M. Boinnet avait assuré que l'attaque avait été lancée par un homme armé d'une machette, tandis que plusieurs sources sécuritaires avaient indiqué à l'AFP qu'elle a été menée par plusieurs hommes munis d'armes à feu, dont certains auraient pu s'échapper.

William Ruto, qui réside la plupart du temps dans la capitale Nairobi, avait quitté sa résidence champêtre proche d'Eldoret environ une heure avant l'attaque.

Stratagème

Dimanche matin, le quotidien Daily Nation se demandait comment "une attaque aussi audacieuse" a pu être menée: "Des questions subsistent".

"Cet incident est malheureux" a commenté Moses Wetang'ula, leader d'un des cinq partis de la coalition d'opposition dont M. Odinga est le candidat, cité par le quotidien Standard. Il a également dit espérer que l'attaque "n'est pas un stratagème visant" à s'attirer la sympathie des électeurs.

Les Kényans sont appelés aux urnes le 8 août, dix ans après les pires violences électorales de l'histoire du Kenya indépendant (1.100 morts), alimentées par des contestations du résultat.

A l'époque, la vallée du Rift avait été un des foyers des violences, avec des affrontements entre les Kikuyu, dont est issu M. Kenyatta, et les Kalenjin de M. Ruto. Les deux hommes s'étaient ensuite alliés et avaient remporté la présidentielle de 2013.

Les élections au Kenya se jouent rarement sur des programmes, beaucoup plus sur des sentiments d'appartenance ethnique et géographique.

Le scrutin s'annonce serré et la température électorale dans le pays, qui a fait face dans un récent passé à des attaques jihadistes meurtrières des shebab somaliens, dont celles du centre commercial Westgate (2013) et de l'université de Garissa (2015), est montée d'un cran ces dernières semaines.

Raila Odinga, qui estime que la victoire lui a été volée en 2007 et 2013, accuse l'exécutif de vouloir truquer les élections, M. Kenyatta rétorquant que son rival veut les retarder.

Début juillet, Human Rights Watch a fait état de menaces et d'intimidations entre communautés dans la région de Naivasha (centre), également dans la vallée du Rift. Les comtés de Laikipia et Baringo, toujours dans la vallée du Rift, sont par ailleurs le théâtre depuis le début de l'année de raids violents menés par des éleveurs semi-nomades.

Avec AFP