La bonne canne blanche se fait rare au Cameroun

La marche de sensibilisation sur la canne blanche organisée par le Cercle des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun à Yaoundé, le 9 novembre 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Posséder une bonne canne blanche relève encore d’une gageure pour les personnes déficientes visuelles au Cameroun. Quelque 400 personnes malvoyantes ont, lors d’une marche sportive ce week-end, à Yaoundé, appelé à la solidarité de tous face à cette situation.

Au son d'une fanfare, plus de 400 déficientes visuelles, assistées des personnes voyantes, paradent dans les rues de Yaoundé. Elles prennent part à la marche sportive dite inclusive de solidarité pour sensibiliser sur l’importance de la canne blanche pour un handicapé visuel.

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Les personnes malvoyantes dénoncent la cherté de la canne blanche


Le chef de fil de ladite marche est Coco Bertin, handicapé visuel et co-fondateur du Cercle des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun( CJARC). "Le coût de la canne blanche est largement au-delà des capacités financières de plusieurs déficients visuels. Quant à la qualité, elle est loin d’être garantie", déplore Coco Bertin.

Jean Baptiste Essono, lui aussi déficient visuel, a pris part à cette cérémonie annuelle, soulignant que "la canne pour le non-voyant est l’outil le plus important pour sa mobilité".

Malheureusement, Jean-Baptiste a perdu la sienne depuis un certain temps, "un chauffeur de taxi l’a cassée lors d’un déplacement, je l’avais obtenue au travers d’un ami. Je suis là pour recevoir une nouvelle au cours de cette manifestation", confie-t-il à VOA Afrique.

De nombreux déficients visuels au Cameroun caressent le rêve d’obtenir gratuitement une canne blanche. Ils ont pris d’assaut, le siège du CJARC. Depuis l’an dernier, Godlove Suh utilise un simple bâton pour se déplacer.

"Je n’avais pas d’argent pour acheter une nouvelle, et s’il y’avait même un moyen d’acheter une autre, on ne peut pas avoir cette canne facilement parce que c’est difficile de la trouver, et le prix est aussi très cher", explique l’air joyeux ce jeune résident de Bamenda en zone anglophone.

Il a dû voyager jusqu’à Yaoundé pour recevoir gracieusement une nouvelle canne blanche, par le truchement du Cercle des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun.

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Selon la plupart de ses utilisateurs au Cameroun, la canne blanche coûte cher. Son prix à l’étranger oscille entre 20.000 et 30.000 francs CFA.

"C’est vrai qu’il y a un problème d’utilisation de la canne par certains, mais il faut reconnaitre qu’elles ne sont pas adaptées au sol rocailleux du Cameroun et elles s’abiment vite", regrette Blandine Mbappe, une enseignante déficiente visuelle à l’école inclusive Louis Braille située dans les locaux du Cercle des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun.

Coco Bertin a initié un projet de fabrication des cannes blanches localement mais il peine à se concrétiser. "Nous avons même déjà quelques échantillons, mais elles sont encore très lourdes. Cela veut dire que la matière n’est très appropriée, les recherches se poursuivent", révèle-t-il tout en disant espérer que le gouvernement ou les opérateurs économiques vont s’impliquer dans le projet.

En marge de la 39e édition de la Journée internationale de la canne blanche, la "Grace Church of Philadelphia", une église évangélique américaine, a offert 1000 cannes blanches aux déficients visuels du Cameroun.

"Nous voulons nous impliquer davantage dans les œuvres sociales, vous venons tous les deux ans et nous savons qu’il y a de grands besoins au Cameroun. C’est notre participation pour l’œuvre missionnaire", explique Steve Davids, co-fondateur de la Grace Church of Philadelphia.

Le nombre d'aveugles au Cameroun n'est pas connu. Mais selon le Programme national de lutte contre la cécité, il y avait en 2014, plus de 600.000 malvoyants dans le pays.