La bataille de Mossoul fait craindre un désastre humanitaire

Un convoi militaire irakien se dirige vers le front de bataille de Khazer, 30 km à l'est de Mossoul, Irak, le 17 octobre 2016.

La bataille lancée lundi pour reprendre la ville irakienne de Mossoul au groupe Etat islamique (EI) fait craindre un désastre humanitaire et pourrait pousser des centaines de milliers de personnes à fuir leur foyer juste avant l'hiver.

"Les familles sont exposées à un risque extrême d'être prises entre deux feux ou pour cibles par des snipers", a mis en garde le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les affaires humanitaires, Stephen O'Brien.

Il s'est dit "extrêmement préoccupé" pour les quelque 1,5 million de personnes vivant encore dans la deuxième ville d'Irak.

Craignant pour le sort de 500.000 enfants, l'ONG Save the Children, a exhorté les belligérants à "ouvrir des couloirs sécurisés" pour que les civils puissent fuir et ne pas rester piégés "sous les bombes, dans une ville pleine de mines et d'explosifs, en manquant de nourriture et de soins médicaux".

Avant le lancement de l'offensive, certains préparatifs ont eu lieu pour gérer la crise humanitaire mais seront-ils suffisants?

"Nous faisons tout notre possible pour que toutes les mesures soient prises dans le cas du pire scénario humanitaire. Mais nous craignons qu'il y ait encore beaucoup à faire", admettait avant l'offensive Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak.

"Dans le pire des cas, nous allons littéralement vers la plus grande opération humanitaire dans le monde en 2016". Selon l'ONU, un million de personnes pourraient être déplacées en quelques semaines.

Manque de fonds

"Il existe une règle informelle selon laquelle aucune institution ne peut faire face à un mouvement de population de plus de 150.000 personnes à la fois", souligne Mme Grande.

Les civils fuyant Mossoul ne pouvant probablement rien apporter avec eux, les produits de première nécessité comme la nourriture, l'eau ou les vêtements devront leur être fournis. "Beaucoup d'entre eux devraient quitter Mossoul avec pour seules affaires des vêtements sur le dos", prévient Becky Bakr Abdulla, du Conseil norvégien pour les réfugiés.

Malgré l'ampleur massive de l'opération humanitaire nécessaire pour aider les personnes fuyant Mossoul, le financement est un problème majeur: sur les quelque 367 millions de dollars (334 millions d'euros) requis, moins de la moitié a été fournie par les bailleurs de fonds.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé qu'elle allait construire des "sites d'urgence" qui fourniront un abri et des services de base pour 200.000 personnes, précisant toutefois qu'elle avait besoin de davantage de fonds.

Boucliers humains

De plus, ces déplacements massifs de population pourraient être aggravés par l'arrivée de l'hiver et exposer les civils sans abri aux nuits glaciales du désert.

"Si Daech (acronyme arabe de l'EI) entoure les quartiers civils de bombes, s'ils placent des snipers à des endroits stratégiques, les habitants pourraient devenir des boucliers humains", avertit Mme Grande.

Sur les trois grandes villes irakiennes reprises à l'EI, seule Fallouja avait une population comparable à celle de Mossoul. L'opération militaire avait provoqué un exode massif de sa population, des dizaines de milliers de civils se trouvant déplacés ou entassés dans des camps surpeuplés.

Le sort des habitants fuyant Mossoul pourrait être plus clément. "Avec un peu de chance, les organisations humanitaires seront en mesure de leur fournir l'aide nécessaire, pour qu'ils ne passent pas d'un enfer à un autre", espère Mme Abdulla.

Avec AFP