Côte d’Ivoire : au bord d'un génocide selon l'ambassadeur Bamba

  • Morgane Guirriec

La delegation de la CEDEAO en entretien avec le President sortant de la Cote d'Ivoire, Laurent Gbagbo, right, au Palais Presidentiel a Abidjan, 28 Dec 2010. De droite a gauche: le President du Benin President Boni Yayi, le President de Cape Vert Pedro Pi

Les trois chefs d’Etat ouest-africains ont rencontré Laurent Gbagbo mardi et lui ont demandé d’accepter les résultats du scrutin du mois dernier.

L’ambassadeur de Côte d`Ivoire à l’ONU désigné par Alassane Ouattara, le président ivoirien reconnu par les Nations unies, a demandé mercredi à l’organisation d'agir pour empêcher un "génocide" dans son pays.

"Nous sommes à deux doigts d`un génocide, il faut faire quelque chose", a
déclaréYoussouf Bamba en remettant ses lettres de créances au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon. Lui et son équipe ont été reconnus le 23 décembre par
l`Assemblée générale des Nations unies comme les représentants de leur pays
auprès de l`organisation internationale.

Les Présidents du Benin, du Cap Vert et de la Sierra Leone retourneront en Cote d’Ivoire la semaine prochaine pour faire pression sur Laurent Gbagbo pour qu’il quitte le pouvoir. Rappelons que le président sortant refuse de céder le pouvoir à Alassane Ouattara qui a été reconnu vainqueur de l’élection présidentielle par la communauté internationale.
Les trois chefs d’Etat ouest-africains ont rencontré Laurent Gbagbo mardi et lui ont demandé d’accepter les résultats du scrutin du mois dernier. La délégation de la CEDEAO s’est également entretenue avec Alassane Ouattara, mais aucune déclaration n’a été faite suites à ces discussions.

Les partisans d'Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de l'élection présidentielle ivoirienne par la communauté internationale, manifestent à Abidjan, 28 décembre 2010.


Finalement, les Présidents du Benin, du Cap Vert et de la Sierra Leone ont quitté la Cote d’Ivoire sans que les discussions n’aient vraiment abouti. Ils sont partis au Nigeria pour rencontrer le Président Goodluck Jonathan, qui préside la CEDEAO, organisation qui menace d’utiliser de la force pour déloger Laurent Gbagbo.
La CEDEAO n’est pas la seule à hausser le ton. Le porte parole de Laurent Gbagbo, Ahoua Don Melo, a fait savoir que le gouvernement du président sortant rompra les relations avec tous les gouvernements qui reconnaissent les envoyés d’Alassane Ouattara en mettant fin aux missions des ambassadeurs actuels de la Cote d’Ivoire dans ces pays.
Pendant ce temps, la tension monte dans le pays. Mardi, la foule a attaqué un convoi de l’ONU à Abidjan. Les Nations Unies signalent qu’un casque bleu a été blessé.

Face à ces incertitudes sur l’avenir de la Cote d’Ivoire, les Etats Unis préparent une possible évacuation de leur ambassade à Abidjan dans le cas ou la violence prendrait de l’ampleur.

Véhicules blindés de l'ONUCI près de l'Hôtel du Goft à Abidjan.

Pour sa part, le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a assuré mercredi à Abidjan que l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) est déterminée à mettre tout en œuvre, pour garantir la liberté de mouvement de son personnel, tant militaire que civil, au regard des entraves dont il a fait l'objet depuis le début de la crise postélectorale. Alain Le Roy a fait valoir que l'ONUCI agit sous le Chapitre 7 de la Charte des Nations Unies et qu'à ce titre, son personnel devrait avoir une liberté de circulation sur l'ensemble du territoire ivoirien. Cette problématique a été au centre de discussions qu'il a eues mercredi avec le Chef d'Etat-major des Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (FANCI), le Général Philippe Mangou qui a promis que l'armée ivoirienne allait s'atteler à lever les obstacles aux mouvements des Casques bleus.

Alain Le Roy a affirmé ne demander qu'à voir les promesses du General Mangou prendre forme. Outre ces gages de bonne volonté de l'armée ivoirienne, il a souligné que le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en collaboration avec le Commandant de la force onusienne ainsi que le Commissaire de la police des Nations Unies continuent d'étudier toutes les stratégies susceptibles d'aider à reussir le pari de la libre circulation des Casques bleus.

S'agissant de l'attaque du convoi des Casques bleus mardi dans le quartier de Yopougon et ayant occasionné un blessé et l'incendie d'un véhicule, côté ONUCI, Alain Le Roy a salué l'intervention du Général Philippe Mangou, qui a-t-il dit, » a permis d'éviter un bain de sang ».