L'ex-Premier ministre guinéen Ibrahima Kassory Fofana poursuivi pour "détournement" de fonds Covid

ARCHIVES - Le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, à droite, discute avec des représentants des syndicats et du patronat à Conakry, Guinée, 18 juillet 2018. (Twitter/ Ibrahima Kassory Fofana)

En détention depuis avril, il est poursuivi pour "détournement" présumé de plus de 40 millions de dollars destinés à la gestion de l'épidémie du coronavirus.

Ibrahima Kassory Fofana, Premier ministre de Guinée jusqu'au coup d'Etat militaire de 2021 et en détention depuis avril, est poursuivi pour "détournement" de plus de 40 millions de dollars destinés à la gestion de l'épidémie de Covid et des décaissements non justifiés, a révélé vendredi le procureur général de Conakry.

M. Fofana, dernier Premier ministre du président Alpha Condé (2010-2021), renversé en septembre 2021 par la junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya, est inculpé et écroué depuis le 6 avril pour "détournement" de fonds publics. Mais les faits qui lui sont reprochés n'avaient jusqu'ici pas été dévoilés.

"Nous reprochons à M. Ibrahima Kassory Fofana (un) détournement de plusieurs milliards de francs guinéens (...) notamment la somme de 46,2 millions de dollars dans le cadre de la procédure d'urgence pour supporter l'épidémie de Covid-19", a déclaré, lors d'une conférence de presse le procureur général Ali Touré, nommé par la junte au pouvoir.

Des montants de "81,2 milliards de francs guinéens" (plus de 9 millions d'euros) ont été "entièrement décaissés sur ordonnance de M. Ibrahima Kassory Fofana. Nous n'avons aucune justification de l'utilisation de ce montant", a déclaré le procureur, sans préciser la destination initiale de cet argent.

En outre, "des mouvements suspects dans ses comptes bancaires ont été constatés", a-t-il ajouté.

M. Fofana avait été inculpé et écroué le 6 avril avec trois autres ex-responsables, l'ancien ministre de la Défense Mohamed Diané, celui de l'Environnement Oyé Guilavogui et celui des hydrocarbures Zakaria Coulibaly.

Chef du gouvernement de mai 2018 jusqu'au coup d'Etat de septembre 2021, il venait d'être désigné, le 31 mars, à la tête de l'ex-parti au pouvoir sous M. Condé, jusqu'à un prochain congrès.

Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force ont fait de la lutte contre la corruption réputée endémique en Guinée un de leurs grands combats proclamés. Plusieurs anciens responsables sont détenus dans ce cadre.

Le colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte qui s'est fait investir président, a assuré qu'il n'y aurait pas de "chasse aux sorcières" mais que la justice serait la "boussole" du pays.