Génocide au Rwanda : un des 9 accusés recherchés par le TPIR a été arrêté en RDC

Musée du génocide à Murambi, Rwanda.

Ladislas Ntaganzwa, maire de Nyakizu, ville du sud du Rwanda, au moment du génocide, a été arrêté mercredi en RDC lors d'une offensive contre une position des FDLR. Les autorités congolaises disent vouloir l'entendre avant de contacter Kigali.

Ladislas Ntaganzwa, l'un des neuf accusés encore recherchés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) chargé de juger les responsables du génocide de 1994, a été arrêté en République démocratique du Congo (RDC), a annoncé jeudi 10 décembre la structure onusienne qui a succédé au TPIR.

Maire de Nyakizu (sud du Rwanda) au moment du génocide, M. Ntaganzwa, 53 ans, est accusé d'avoir incité et participé aux massacres de milliers de civils tutsi, et aux viols de femmes tutsi, sur le territoire de sa commune. Son dossier a été transféré en mai 2012 à la justice rwandaise par le TPIR.

"Les autorités de République démocratique du Congo ont arrêté l'un des neuf fugitifs recherchés par le TPIR", a annoncé le Mécanisme pour les tribunaux internationaux des Nations unies (MTPI), structure chargée d'achever les travaux du TPIR et de son homologue pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à l'achèvement de leurs mandats, et qui siège à Arusha (Tanzanie).

Le procureur du Mécanisme, Hassan B. Jallow (...) a "remercié les autorités de RDC pour leur coopération et les a pressées de transférer l'accusé au Rwanda pour qu'il y soit jugé sans délai".

Kinshasa veut "entendre" Ntaganzwa

Les autorités de Kinshasa veulent "entendre" Ladislas Ntaganzwa, a de son côté déclaré jeudi le ministre de la Justice congolais. M. Ntaganzwa "est un chef FDLR" (milice hutu rwandaise active depuis des années dans l'Est de la RDC et accusée de nombreux crimes contre des civils), a déclaré à l'AFP Alexis Thambwe Mwamba, "toutes les dispositions sont prises pour le ramener à Kinshasa et nous comptons l'entendre".

"Puis nous saisirons le gouvernement rwandais qui avait émis un mandat d'arrêt international contre lui", a ajouté M. Thambwe Mwamba, sans dire à ce stade si la RDC comptait extrader le suspect.

"M. Ntaganzwa a été arrêté au Nord-Kivu", province de l'est de la RDC frontalière du Rwanda, a ajouté le ministre, "il est entre les mains de notre police".

Un porte-parole de l'armée congolaise au Nord-Kivu a déclaré à l'AFP que M. Ntaganzwa avait été interpellé à la suite d'une offensive militaire contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

"Nous avons lancé l'offensive vendredi contre une position des FDLR (...) où se trouve la résidence du général (Sylvestre) Mudacumura", chef militaire de ce mouvement, a assuré le capitaine Guillaume Djike, joint par téléphone de Goma, la capitale du Nord-Kivu.

"Nous avons tué quatre FDLR (...) et les autres ont pris la fuite. La nuit de samedi à dimanche, la police nationale congolaise de Nyanzale (60 km au nord de Goma, NDLR) a arrêté Ladislas Ntaganzwa et il a été ramené à Goma mercredi", a ajouté l'officier.

Huit autres accusés encore en fuite

Selon l'acte d'accusation du TPIR, Ladislas Ntaganzwa est poursuivi pour "entente en vue de commettre le génocide, génocide, complicité de génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide et crimes contre l'humanité".

Une récompense de 5 millions de dollars était offerte pour l'arrestation de M. Ntaganzwa, comme pour celle des huit autres accusés encore en fuite: Félicien Kabuga, Augustin Bizimana, Protais Mpiranya, Fulgence Kayishema, Pheneas Munyarugarama, Aloys Ndimbati, Ryandikayo (un seul nom) et Charles Sikubwabo.

Le TPIR, créé par les Nations unies fin 1994 a officiellement fermé ses portes le 1er décembre. Il doit rendre sa dernière décision à la mi-décembre, le verdict du procès en appel de six anciens responsables rwandais condamnés en première instance à des peines allant de 25 ans à la prison à vie dans un même dossier.

Cette affaire, très complexe, implique notamment la seule femme mise en accusation par le TPIR, l'ex-ministre de la Famille Pauline Nyiramasuhuko, et son fils Arsène Shalom Ntahobali, tous deux condamnés à la perpétuité en première instance.

Avec AFP