Egypte : les 188 condamnations à mort dénoncées par Human Right Watch

Les partisans de M. Morsi célèbrent sa victoire au Caire le 24 juin 2012

L'ONG internationale dénonce le fait que les juges condamnent les accusés en masse sans considération pour les normes garantissant un procès équitable.

La condamnation à mort de 188 partisans de l’ancien président Mohamed Morsi, est injuste selon Human Rights Watch (HRW).

L’ONG de défense des droits de l’homme a dénoncé mercredi dans un communiqué les procès de masse récurrents en Egypte et remettant en cause "l'indépendance de la justice".

La directrice de HRW pour le Moyen-Orient, Sarah Leah Whitson, est d’avis que ces condamnations à mort de masse font perdre rapidement à la justice égyptienne toute la réputation d'indépendance qu'elle a pu avoir.

"Personne ne devrait être envoyé à la potence après des procès si ouvertement injustes", a affirmé Whitson. "Au lieu d'examiner les preuves contre chaque personne, les juges condamnent les accusés en masse sans considération pour les normes garantissant un procès équitable", a-t-elle ajouté.

188 personnes ont été condamnées à mort mardi pour le meurtre de 13 policiers lors d'une attaque le 14 août 2013 contre un commissariat de Kerdassa, un village dans la banlieue du Caire.

Au cours des affrontements qui avaient eu lieu le même 14 août, des soldats avaient tué plus de 700 personnes au Caire en dispersant des rassemblements de pro-Morsi.

Les peines capitales prononcées mardi pourront être confirmées ou commuées en peine de prison lors d'un verdict final, attendu le 24 janvier. Mais elles seront d’abord soumises à l'avis --purement consultatif-- du mufti, le représentant de l'islam auprès des autorités, selon loi égyptienne.

L'Union européenne (UE) a également exprimé sa "vive préoccupation" au sujet du verdict de mardi, promettant de suivre "de très près" ces procès en Egypte.

"L'UE réitère son appel aux autorités judiciaires égyptiennes de garantir les droits des accusés à un procès équitable, (...) basé sur des accusations claires et des enquêtes indépendantes, conformément aux normes internationales", a indiqué dans un communiqué Catherine Ray, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Depuis que l'armée a destitué M. Morsi en juillet 2013, ses partisans sont la cible d'une sanglante répression qui a fait au moins 1.400 morts, pour la plupart des manifestants.

Et dans leur lutte contre les pro-Morsi, les autorités sont régulièrement accusées d'instrumentaliser le pouvoir judiciaire. Des centaines de partisans de l'islamiste déchu ont ainsi été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes, qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'histoire récente".