Myanmar/Birmanie: Aung San Suu Kyi "arrêtée" par l'armée

Aung San Suu Kyi, leader du parti de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), arrive pour la première réunion du parlement du Myanmar après les élections générales du 8 novembre, à la Chambre basse du parlement à Naypyitaw le 16 novembre 2015. REUTERS/Soe Zeya Tun

L'ancienne icône de la démocratie, Aung San Suu Kyi, chef de facto du gouvernement birman, a été "arrêtée" par les forces armées birmanes, d'après son parti qui fait état d'un probable "coup d'Etat".

"Nous avons entendu dire qu'elle est détenue à Naypyidaw (la capitale du pays, ndlr), nous supposons que l'armée est en train d'organiser un coup d'Etat", a déclaré lundi à l'AFP Myo Nyunt le porte-parole du parti de la prix Nobel de la Paix, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Selon lui, d'autres responsables du parti ont également été arrêtés.

La Birmanie est sortie il y a tout juste 10 ans d'un régime militaire au pouvoir pendant presque un demi-siècle. La constitution, rédigée par la junte, prévoit un partage des pouvoirs entre un gouvernement civil et les généraux du pays.

Ces arrestations interviennent alors que le Parlement issu des dernières législatives devait entamer sa première session dans quelques heures.

Sollicité, le porte-parole de l'armée n'était pas disponible dans l'immédiat.

Fraudes par "millions"

Les militaires dénoncent depuis plusieurs semaines des fraudes lors des législatives de novembre, remportées massivement par la LND, déjà au pouvoir depuis 2015.

Sous prétexte de la pandémie de coronavirus, les élections "n'ont pas été libres, ni justes", avait assuré la semaine dernière lors d'une conférence de presse le porte-parole de l'armée, le major général Zaw Min Tun.

Les craintes avaient encore grandi quand le chef de l'armée, le général Min Aung Hlaing - sans doute l'homme le plus puissant de Birmanie - avait déclaré que la constitution pouvait être "révoquée" dans certaines circonstances.

Les militaires affirment avoir recensé des millions de cas de fraude, dont des milliers d'électeurs centenaires ou mineurs.

Plus d'une dizaine d'ambassades, dont celle des Etats-Unis et la délégation de l'Union Européenne, avaient exhorté vendredi la Birmanie à "adhérer aux normes démocratiques", s'inquiétant d'un possible coup d'État.

"(Nous) nous opposons à toute tentative de modifier le résultat des élections ou d'entraver la transition démocratique en Birmanie", avaient-elles écrit.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait également exprimé sa "grande inquiétude".

Le parti d'Aung San Suu Kyi, très critiquée à l'international pour sa gestion de la crise des musulmans rohingyas mais toujours adulée par une majorité de la population, avait remporté une victoire écrasante en novembre.

Il s'agissait des deuxièmes élections générales depuis 2011, année de la dissolution de la junte.

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