Au lendemain du violent séisme, la reconstruction commence en Equateur

Un homme, qui a perdu sa femme enceinte, récupère quelques unes de ses affaires dans ce qu'il reste de son habitation, à La Chorrera, Equateur, le 18 avril 2016.

Au niveau de Portoviejo, Manta et Pedernales, la zone la plus touchée par le tremblement de terre de magnitude 7,8, les dommages sont considérables.

Bâtiments détruits, ponts effondrés, autoroutes lézardées, poteaux électriques étendus au sol: outre le nombre élevé de victimes, le séisme dévastateur qui a touché l'Equateur est un coup de massue pour ce petit pays pétrolier déjà fragilisé par la chute des cours du brut.

S'il est encore trop tôt pour chiffrer le coût des dégâts, il suffit de parcourir le littoral équatorien au niveau de Portoviejo, Manta et Pedernales, la zone la plus touchée par le tremblement de terre de magnitude 7,8, pour constater l'étendue des dommages.

Une reconstruction qui va coûté des millions

"Il va falloir reconstruire Pedernales, le centre de Portoviejo, le quartier de Tarqui à Manta, (les villes de) Canoa, Jama... Cela va prendre des mois, des années et va coûter des centaines (de millions), probablement des milliards de dollars", a prévenu le président Rafael Correa en se rendant sur place.

Le temps de l'abondance pétrolière pour l'Equateur est bel est bien terminé.

Avec des rentrées pétrolières amputées de 7 milliards de dollars à cause de la chute des cours et des exportations ralenties à cause de la dévaluation des monnaies colombienne et péruvienne, le pays andin, qui a adopté le dollars depuis une quinzaine d'années, fait désormais face à une gigantesque tâche de reconstruction.

Cette catastrophe naturelle intervient alors que l'Equateur était déjà confronté à une situation économique délicate: après un timide 0,3% de croissance en 2015 (alors que 4% étaient attendus), il prévoit 1% pour 2016. Le Fonds monétaire international, lui, table plutôt sur une inflexion de l'économie de 4,5% cette année.

Le vice-président équatorien Jorge Glas a déclaré à l'AFP que 450 millions de dollars avaient été débloqués pour la reconstruction.

En outre, ce pays sud-américain, le plus petit membre de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et dont l'économie dépend en grande partie des exportations pétrolières, peut compter sur un financement de la Banque mondiale, de la Banque interaméricaine de développement (BID) et d'autres institutions.

Le Venezuela, la Colombie, l'Espagne et le Pérou, notamment, ont proposé leur aide matérielle et humaine.

"Ca tombe mal pour l'Equateur"

Tout cela pourra contribuer à la reconstruction des nombreuses infrastructures dévastées, dont certaines avaient été bâties grâce à la rente pétrolière de ces dernières années.

"Un tremblement de terre est toujours une mauvais chose, mais, dans ce cas, ça tombe mal pour l'Equateur, qui dispose de peu de fonds pour les secours. Il faut voir ce qu'il (le pays) va faire. C'est assez compliqué", a expliqué à l'AFP l'économiste Sébastian Oleas, professeur de l'université de San Francisco à Quito (USFQ).

Sébastian Oleas tient à relativiser: cette fois, "l'oléoduc n'a pas cédé". Comme ce fut le cas en 1987, ce qui avait empêché le pays d'exporter son pétrole durant six mois, avec des conséquences néfastes pour l'économie.

Les autorités ont déjà confirmé que les principales raffineries du pays n'avaient pasété endommagées par le séisme. Même chose pour les aéroports.

"Côté production, l'impact ne devrait pas être majeur. Bien que Manta soit une zone industrielle importante, les secteurs les plus touchés (...), ne sont pas des zones de production. Et la plus grande partie des routes détruites se trouvent dans des zones secondaires du point de vue de la production", a assuré à l'AFP l'économiste Alberto Acosta.

"Mais dans ces conditions, tout reconstruire va être beaucoup plus difficile, beaucoup plus coûteux, car il n'y a pas de ressources et il va falloir réaffecter des ressources qui étaient destinées à d'autres secteurs, ce qui signifie plus de pression sur les caisses (du pays) afin de réparer les dégâts", a ajouté cet économiste du cabinet Spurrier.

Tant pour le pays qu'au niveau individuel, le tremblement de terre est un désastre. Ruben Gallard, 58 ans, a vu son hôtel et ses deux magasins d'alimentation s'effondrer.

"On a tout perdu, on n'a même plus de vêtements, on a perdu notre seule source de revenus. Il va bien falloir nous aider", a-t-il déclaré à l'AFP devant les ruines de son hôtel.

Avec AFP