USA: Controverse au sujet des droits civiques des musulmans

Six imams ont été récemment débarqués de l’avion d’une compagnie américaine, à Minneapolis dans l’Etat du Minnesota, au motif que leur comportement était «suspect ». Le pilote a pris cette décision après avoir reçu de l'un des passagers qui se plaignait de la présence à bord de six hommes arabes à l’attitude suspecte. Ces hommes occupaient des sièges dispersés alors qu’avant de monter dans l’avion, ils étaient tous ensembles et avaient critiqué la guerre menée par les Etats unis en Irak, précisait la note.

Les six dignitaires religieux étaient venus assister à une conférence de la Fédération nord-américaine des imams, réunion à laquelle la police fédérale, le FBI, avait d'ailleurs été invitée. Ils ont dit avoir ouvertement prié ensembles avant de monter dans l’avion. Une fois forcés à quitter l’appareil, les imams ont été interrogés par le FBI et les Services secrets américains avant d’être finalement relâchés. Depuis, la controverse fait rage.

Les imams et une bonne partie de la communauté musulmane américaine font valoir que l’incident reflète les préjugés dont les musulmans sont victimes aux Etats Unis. Cependant, les experts en sécurité et d’autres responsables disent que les précautions prises par les autorités sont justifiées, vu les mesures exigées par le public après les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington.

Du reste, les compagnies aériennes américaines ont transporté près de 2,5 milliards de passagers depuis septembre 2001 sans qu’on les accuse de préjugés négatifs à l’égard de qui que ce soit. Seth Stodder, expert en sécurité intérieure à l’université George Washington de la capitale américaine, rappelle que les agences fédérales n’ont pas le droit de procéder à des interpellations par « profilage racial » ou pour « simple délit de faciès ».

Toutefois, fait-il remarquer, tout le monde sait que ce sont les extrémistes islamistes qui veulent infliger de sérieuses pertes aux Etats Unis. « Nous savons qu’al-Qaida est une organisation islamiste qui a déclaré la guerre sainte aux Etats Unis. Cela n’aurait donc aucun sens de faire sortir des avions tous les presbytériens en provenance d’Ecosse pour se défendre contre al-Qaida », explique M. Stodder.

Jim Harper, haut responsable de l’Institut Cato, ONG conservatrice défendant les libertés individuelles tout en militant pour un gouvernement réduit, fait valoir que les efforts en matière de sécurité devraient cibler les méthodes des terroristes plutôt que des individus. : « Le meilleur exemple: installer des portes blindées entre la cabine de pilotage et le reste de l’avion. Cela empêcherait des terroristes de détourner des avions, comme cela été le cas le 11 septembre 2001 », déclare en substance Jim Harper.

« Quant aux nouvelles politiques visant à collecter des renseignements sur tous les voyageurs qui se déplacent aux Etats Unis...eh bien, cela ne donne guère de résultats », ajoute l’expert. « Les services de sécurité américains savaient que certains des terroristes du 11 Septembre 2001 étaient liés à l’attentat contre le navire U.S.S. Cole à Aden au Yemen. Ils auraient pu être arrêtés », précise M. Harper.

Seth Stodder, l’expert en sécurité intérieure à l’université George Washington, insiste sur le fait que les Etats-Unis doivent rester accueillants pour les Arabes et les musulmans. « A mon avis, ce qui importe le plus dans la guerre contre le terrorisme, c’est de chercher en priorité à changer l’état d’esprit des gens ordinaires dans le monde arabe et musulman pour les encourager à rejeter l’idéologie d’Al-Qaida en faveur de sociétés tolérantes, où l’on n’attaque pas les gens à cause de leur race, ethnie ou religion », explique le professeur Seth Stodder.