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Un groupe d'élus dénonce le blocage de tout débat sur les massacres à Beni en RDC


Des policiers en faction devant le Palais du Peuple, siège du Parlement de la RDC, à Kinshasa, lundi le 5 décembre 2011.
Des policiers en faction devant le Palais du Peuple, siège du Parlement de la RDC, à Kinshasa, lundi le 5 décembre 2011.

Un groupe d'élus de la province troublée du Nord-Kivu a accusé, dans un communiqué, l'Assemblée nationale d'étouffer tout débat public, sur les massacres des civils dans la région de Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo.

Le 16 avril, une plénière avait été convoquée à la chambre basse pour débattre d'une motion contre le ministre de la Défense congolais sur "l'incapacité du gouvernement de la République à mettre fin aux massacres des populations civiles à l'Est du pays", selon ce communiqué signé par douze députés d'opposition et un de la majorité présidentielle.

L'examen de cette question avait alors été bloqué par l'intervention d'une élue de la majorité, soutenue par ses collègues, évoquant le "secret défense".

"Le fait pour l'Assemblée nationale d'étouffer tout débat public sur le massacre des populations congolaises notamment à Beni, Lubero, Rutshuru, renforce le sentiment d'abandon total d'une partie du peuple congolais livré à l'holocauste des tueurs sans foi ni loi par les plus hautes institutions de la République", ont écrit les 13 élus.

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Comme sur les réseaux sociaux et dans quelques médias congolais, ces élus accusent également le président Joseph Kabila d'avoir épinglé les membres de la communauté Nande -tribu majoritaire dans la région de Beni -d'être responsable de l'incendie, en décembre, de sa résidence de Musienene dans cette zone.

"Faux!", a rétorqué Yvon Ramazani, l'un des conseillers en communication du président Kabila "présent à cette rencontre" entre le chef de l'État et des députés de la majorité du début de semaine, interrogé par l'AFP.

"Il n'était pas question d'attaque contre les Nande, le président a plutôt dit: +Nous nous battons contre les ADF et vous voulez vous-mêmes créer vos milices pour vous défendre, au lieu de laisser l'armée faire son travail, vous compliquez la situation+", a poursuivi M. Ramazani.

Pour le président Kabila, "les miliciens qui ont brulé Musiemeni ne sont pas venus d'ailleurs" mais sont bien des enfants de la ville, a cependant ajouté M. Ramazani.

Ces propos "plantent le décor d'un amalgame ethniciste dangereux qui peut avoir des conséquences génocidaires dramatiques sur terrain", ont noté les députés de la région de Beni.

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Ils "opposent l'armée nationale à une communauté ethnique" et "sont de nature à susciter une révolte de l'opinion congolaise contre [les] Nande", ont-ils craint, alors que le "peuple meurtri de Beni a toujours eu l'impression de faire l'objet d'une action punitive et destructive de la part du régime en place".

L'est de la RDC est déchiré par des conflits armés depuis 23 ans, des dizaines de groupes armés locaux et étrangers y sont encore actifs.

Parmi eux, les ADF, rebelles ougandais musulmans. Ils sont accusés par la Mission de l'ONU en RDC et le gouvernement congolais d'être responsables d'une série de massacres de plusieurs centaines de civils dans la région de Beni depuis octobre 2014.

Cette version a été remise en cause en 2015 par un rapport du Groupe d'étude sur le Congo de l'Université de New York, selon lequel les responsabilités sont partagées entre les ADF, mais aussi d'autres éléments armés, parmi lesquels des soldats de l'armée régulière.

Avec AFP

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