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Turquie : un groupe dissident du PKK revendique l'attentat d'Ankara, la menace persiste


Hommage aux victimes d'Ankara, après l'attentat survenu le 13 mars 2016, et revendiqué le 17 mars par une branche dissidente du PKK.
Hommage aux victimes d'Ankara, après l'attentat survenu le 13 mars 2016, et revendiqué le 17 mars par une branche dissidente du PKK.

"Cette action a été menée pour venger les 300 Kurdes tués à Cizre et nos civils blessés", a déclaré le groupe TAK, présentant des "excuses pour les pertes civiles qui n'ont rien à voir avec la sale guerre menée par l'Etat fasciste turc".

Un groupe radical proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a revendiqué jeudi l'attentat-suicide meurtrier qui a visé il y a quatre jours le centre d'Ankara, dans un climat de tensions alimenté par de nouvelles menaces d'attaques.

Comme le suggéraient les premiers éléments de l'enquête, ce mouvement dissident du PKK, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), a annoncé dans une déclaration publiée sur son site internet être responsable de l'attaque menée sur la place Kizilay, qui a fait 35 morts et plus de 120 blessés.

"Le 13 mars au soir, une attaque suicide a été menée à 18h45 dans les rues de la capitale de la République turque fasciste. Nous revendiquons cette attaque", a-t-il écrit, avant d'en annoncer de nouvelles pour les semaines qui viennent.

Dans ce climat d'alerte et de crainte permanentes, l'Allemagne a fermé jeudi son ambassade à Ankara, son consulat général à Istanbul et ses lycées dans les deux villes.

"Des informations que nous avons prises très au sérieux suggéraient que des attaques étaient prévues contre nos représentations diplomatiques en Turquie", a justifié à Berlin le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.

Le 12 janvier, 12 touristes allemands ont été tués dans un attentat suicide, attribué au groupe Etat islamique (EI) dans le coeur historique et touristique d'Istanbul.

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu s'est efforcé de rassurer en assurant avoir pris "toutes les mesures de sécurité nécessaires". "Le terrorisme veut créer le chaos dans le pays", a-t-il ajouté devant la presse, "nous devons rester unis".

Les TAK ont justifié l'attentat de dimanche comme une riposte aux opérations menées par l'armée et la police turques contre les partisans du PKK dans plusieurs villes du sud-est à majorité kurde de la Turquie, qui ont tué des dizaines de civils.

"Cette action a été menée pour venger les 300 Kurdes tués à Cizre et nos civils blessés", écrivent les TAK, qui ont présenté des "excuses pour les pertes civiles qui n'ont rien à voir avec la sale guerre menée par l'Etat fasciste turc".

Le groupe a diffusé la photo de Seher Cagla Demir, 24 ans, présentée comme l'auteure de l'attaque, confirmant l'identité de la "kamikaze" déjà publiée par les autorités turques.

Coup de filet antikurdes

Selon le ministère turc de l'Intérieur, cette femme a été entraînée en Syrie par les Unités de protection du peuple (YPG), le bras armé du principal parti kurde de Syrie que la Turquie considère comme un mouvement "terroriste".

Sous forte protection policière, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a déposé jeudi des oeillets rouges sur les lieux de l'attentat en hommage aux victimes.

Les TAK avaient déjà revendiqué l'attaque suicide qui avait visé des cars transportant des personnels militaires le 17 février dernier et tué 29 personnes.

Le PKK dément tout lien avec les TAK, qui se sont illustrées dans le passé par des attentats meurtriers visant des sites touristiques. Mais les autorités les considèrent comme un faux-nez de la rébellion, utilisé lorsque des civils sont visés.

Le conflit kurde a repris l'été dernier après plus de deux ans de cessez-le-feu et sonné le glas des discussions de paix engagées fin 2012 par les deux parties.

Dans un entretien mardi dans le Times britannique, le chef du PKK Cemil Bayik a confirmé la radicalisation de la rébellion, promettant "des combats partout".

Embarrassé par les critiques qui dénoncent les ratés de ses services de sécurité, le président turc Recep Tayyip Erdogan a riposté en relançant la guerre contre ceux qu'ils considèrent comme des "complices" des "terroristes" kurdes.

Mercredi, il a pressé le Parlement de lever l'immunité parlementaire de plusieurs élus du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), accusés de "propagande terroriste" pour avoir prôné une forme d'autonomie pour les 15 millions de Kurdes de Turquie.

Depuis dimanche, la police a lancé un vaste coup de filet contre les partisans de la cause kurde. Plus de 300 d'entre eux ont été arrêtés, selon l'agence de presse progouvernementale Anatolie, dont des avocats, des universitaires et des élus.

Le magazine allemand Der Spiegel a par ailleurs annoncé jeudi que son correspondant avait dû quitter la Turquie car son accréditation n'a pas été renouvelée par les autorités. L'hebdomadaire a dénoncé une mesure "intolérable (qui) enfreint la liberté de la presse".

Cette offensive intervient alors qu'un nouveau sommet réunit jeudi l'Union européenne (UE) et la Turquie à Bruxelles sur les migrants. Plusieurs membres de l'UE rechignent à signer un accord avec les dirigeants turcs, accusés de dérive autoritaire.

AFP

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