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Le procès de l'attentat du Bardo s'ouvre en toute discrétion à Tunis


Des secouristes évacuent une victime à l'extérieur du musée Bardo à Tunis, le 18 mars 2015.
Des secouristes évacuent une victime à l'extérieur du musée Bardo à Tunis, le 18 mars 2015.

Le procès de l'attentat du musée du Bardo s'est ouvert en catimini mardi à Tunis, plus de deux ans après cette attaque jihadiste lors de laquelle 21 touristes étrangers et un policier ont été tués, indiquent des sources judiciaires.

Cette audience, qui n'avait fait l'objet d'aucune annonce préalable, s'est brièvement déroulée en matinée devant le tribunal de première instance de la ville, en présence de 21 accusés -dont deux femmes- en état d'arrestation, a affirmé à l'AFP Me Samir Ben Amor, un des avocats de la défense.

Trois autres, en état de liberté, ne se sont pas présentés, a-t-il ajouté.

Une trentaine de personnes est également poursuivie par contumace, a ajouté Me Rafik Ghak, autre avocat de la défense.

Le procès a été reporté sine die et le parquet doit désormais fixer la date de la prochaine audience, ont indiqué les mêmes sources. L'identité des accusés est par ailleurs inconnue.

Sollicité par l'AFP, le porte-parole du pôle antiterroriste, Sofiène Sliti, était injoignable.

Un avocat de parties civiles françaises, Me Imed Belkhamsa, ainsi que l'Association française des victimes du terrorisme (AfVT) ont de leur côté affirmé que les accusés seraient jugés pour "crimes terroristes", en vertu de la loi antiterroriste adoptée à l'été 2015.

Selon cette législation, ils sont passibles de la peine capitale mais cette sentence fait toutefois l'objet d'un moratoire depuis 1991 en Tunisie.

Vingt-et-un touristes, dont quatre Français, et un policier tunisien ont été tués par deux assaillants le 18 mars 2015. Six autres ressortissants français ont été blessés dans cet attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI).

- 'Zones d'ombre' -

Dans la foulée de l'attaque, les autorités tunisiennes avaient procédé à l'arrestation d'une vingtaine de personnes, en affirmant avoir démantelé "80% de la cellule" impliquée.

Quelques mois plus tard, huit d'entre elles, dont l'homme un temps présenté comme le principal responsable de la cellule, avaient toutefois été relâchées par la justice.

Durant l'enquête, les avocats de parties civiles françaises ont eux dénoncé à plusieurs reprises des "zones d'ombre". Les familles "ne pourront pas faire leur deuil si des réponses ne leurs sont pas données", avait argué Me Samia Maktouf.

L'un de ces avocats, Me Philippe de Veulle, a indiqué dans un communiqué à l'AFP son intention de boycotter le procès, qui n'offre pas "les conditions d'une justice sereine et indépendante" d'après lui.

Le procès d'une autre attaque sanglante, celle du 26 juin 2015 à Sousse (38 touristes tués dont 30 Britanniques), s'est pour sa part ouvert en mai dans la capitale tunisienne.

Vingt-six personnes au total sont poursuivies, dont six membres des forces de sécurité accusés de "non assistance à personne en danger". Les 20 autres accusés, tous Tunisiens, répondent de "crimes terroristes", "homicide" et "complot contre la sûreté de l'Etat", selon le parquet.

La prochaine audience a été fixée au 3 octobre.

Après la révolution de 2011, la Tunisie a fait face à l'essor d'une mouvance jihadiste armée responsable de la mort de 59 touristes étrangers mais aussi de plus d'une centaine de soldats et de policiers, et d'une vingtaine de civils.

Malgré l'accalmie observée depuis plus d'une année, le pays reste sous état d'urgence.

Avec AFP

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