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Trois semaines après la tuerie de Goma, les familles enterrent leurs morts


Les proches des personnes tuées fin août par l'armée à Goma, dans l'est de la RDC, regardent l'intérieur des cercueils alors qu'ils sont déchargés dans un cimetière à la périphérie de la ville, le 18 septembre 2023.
Les proches des personnes tuées fin août par l'armée à Goma, dans l'est de la RDC, regardent l'intérieur des cercueils alors qu'ils sont déchargés dans un cimetière à la périphérie de la ville, le 18 septembre 2023.

Près de trois semaines après la tuerie de plus de 50 civils à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, attribuée à des militaires, les familles des victimes ont pu lundi enterrer leurs morts.

Le 30 août, des militaires congolais ont réprimé violemment une tentative de manifestation contre la présence de l'ONU en RDC, faisant au moins "57 victimes", selon Peter Kazadi, le ministre de l'Intérieur.

Ce dernier a fait le déplacement lundi à Goma depuis la capitale Kinshasa - à environ 2.000 km - pour rencontrer les familles des victimes et accélérer le processus d'inhumation pour cause de "risques sanitaires", selon le ministre.

Les corps se sont décomposés dans l'hôpital militaire de Goma pendant vingt jours, alors que les familles ont été interdites de visite jusqu'au 12 septembre.

"Les voisins ont commencé à se plaindre", a expliqué Peter Kazadi, alors qu'une odeur pestilentielle se répandait dans le quartier.

"Le gouvernement a donné les cercueils", "payé les frais funéraires" et "donné une enveloppe pour consoler les familles", a-t-il annoncé devant la presse.

Arrivé à la tombée de la nuit sous une pluie battante dans un cimetière de la périphérie de Goma, le ministre a rendu hommage aux victimes devant quatre cercueils blancs.

Après son départ, le reste des cercueils est arrivé sur des camions. Une odeur de mort a envahi le hangar.

A la vue des corps de leurs proches, par des petites trappes ménagées dans les cercueils, de nombreuses personnes ont fondu en larmes. Certaines se sont évanouies. D'autres n’ont pas retrouvé leurs parents.

"Mon frère est le (cercueil) numéro 20, mais il n'est pas ici!", assure un jeune homme, devant l'enfilade de cercueils.

"Je n'ai pas retrouvé mon frère, il n'est ni à la morgue, ni ici", déclare aussi Wivine Kataka, sous le choc.

Une prière est dite à la hâte. Aidées par le personnel du cimetière, les familles portent à travers un terrain boueux les cercueils de leurs proches jusqu'à un alignement de tombes où, à la lumière de téléphones portables, ils déposent leurs défunts et repartent dans la nuit.

Six militaires de la Garde républicaine, dont deux officiers supérieurs, sont jugés depuis le 5 septembre à Goma pour crime contre l'humanité et non respect des consignes, accusés d'être responsables de la tuerie.

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