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Tension à Bangui à l'occasion d'une journée "ville morte"


Un habitant du PK5 en colère, manifeste près du siège de la Minusca à Bangui, le 11 avril 2018
Un habitant du PK5 en colère, manifeste près du siège de la Minusca à Bangui, le 11 avril 2018

La tension était vive vendredi à l'occasion d'une journée "ville morte" décrétée par la société civile à Bangui, où la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) a été prise à partie, a constaté un journaliste sur place.

Plusieurs barricades ont été érigées à divers endroits de la capitale centrafricaine, dont le quartier musulman du PK5 isolé du reste de la ville. Des habitants en colère ont également bloqué des véhicules et des membres de la Minusca, ayant une attitude hostile à leur égard.

Face à la crainte de subir la vindicte populaire, au moins 12 personnes blessées en début de semaine au PK5 ont refusé de sortir du centre de soin de la Croix rouge centrafricaine situé dans ce quartier.

Cette tension survient après des violences qui ont fait 24 morts et plus de 170 blessés mardi et ont fait ressurgir le spectre d'affrontements inter-religieux.

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L'élément déclencheur de ces violences a été l'interpellation par des forces de défense et de sécurité centrafricaines de "Moussa Empereur", un élément d'une milice du PK5.

Une église a dans la foulée été attaquée par des hommes armés venus du quartier musulman, causant la mort de plusieurs civils et d'un prêtre, l'abbé Albert Tougoumalé-Baba.

Une enquête a été ouverte et une cellule d'investigation mise en place par la justice centrafricaine sur ces évènements.

Au nord de Bangui, des hommes appartenant au groupe armé du Front populaire pour la renaissance de Centrafrique (FPRC) ont été arrêtés à Dekoa, localité située sur la route menant de Kaga Bandoro à la capitale, a annoncé vendredi le Premier ministre Simplice Sarandji devant l'Assemblée nationale.

Mi-avril, deux des principaux groupes rebelles armés issus de l'ex-Séléka prétendant défendre les musulmans, dont le FPRC, avaient menacé de lancer une offensive sur Bangui depuis Kaga Bandoro.

Selon une source onusienne, plusieurs véhicules chargés d'éléments du FPRC ont été repérés vendredi matin dans un village non loin de Dekoa.

"On les a vu entrer, ça a semé la panique chez la population", a témoigné un habitant.

Plusieurs postes renforcés constitués de sacs de sable ont récemment été installés sur la route de Bangui à Damara, ville située à 70 km au nord de Bangui, axe menant jusqu'à Kaga Bandoro en passant par Dekoa, à constaté l'AFP.

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Selon la Minusca, l'attaque de l'église était une "réaction à l'interpellation" de "Moussa Empereur", mais selon le gouvernement, elle était "une action planifiée" depuis plusieurs jours.

Selon plusieurs témoignages receuillis par l'AFP, les miliciens du PK5 n'auraient pas ciblé l'église en tant que telle, mais des forces de l'ordre qui s'étaient réfugiées à l'intérieur.

Planifiée ou non, l'attaque de l'église a déclenché une vague de colère à Bangui, et a fait resurgir le spectre des violences confessionnelles dans le pays, rappelant les années 2013-2014.

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Des tensions inter-religieuses avaient éclaté après la descente sur Bangui de la rébellion de la Séléka, prétendant défendre les musulmans, entraînant la réaction de milices "antibalakas", souvent chrétiennes et animistes, contre ces hommes venus du Nord considérés comme des envahisseurs.

Avec AFP

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