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Quand Ons Jabeur la "guerrière" tapait ses premières balles


Ons Jabeur est la première joueuse du continent africain à se hisser en demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem depuis 1997.
Ons Jabeur est la première joueuse du continent africain à se hisser en demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem depuis 1997.

"On la surnommait Roger Federer": quinze ans avant que la Tunisienne Ons Jabeur ne dispute vendredi les demi-finales du prestigieux tournoi de Wimbledon face à l'Allemande Tatjana Maria, son ancien partenaire d'entraînement avait déjà compris qu'il avait affaire à une future star.

Pendant leur adolescence à Tunis, v était régulièrement battu à plate couture par la prodige de 12 ans. "Ce que l'on voit sur le terrain d'Ons, la guerrière, la combative qui se bat sur tous les points, c'est son caractère depuis toujours", a-t-il rappelé fin mai à l'AFP.

"On lui disait que ses amorties étaient comme celles de Federer quand nous nous entraînions ensemble en équipe nationale. Elle m'a fait une amortie, j'ai couru pour la récupérer et je me suis foulé la main", a poursuivi le joueur de 28 ans, devenu entraîneur. Quand ils évoquent ensemble cette époque, Ons Jabeur le taquine en le décrivant comme son "souffre-douleur".

Depuis deux saisons, la Tunisienne de 27 ans enchaîne les exploits. En 2021, elle s'est hissée dans le top 10 mondial, une première pour une joueuse du monde arabe; cette année, elle a remporté le tournoi WTA 1000 de Madrid et a abordé Wimbledon avec le statut de N.2 mondiale.

"Feu"

Quand Jabeur, première joueuse du continent africain à se hisser en demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem depuis 1997, a débuté le tennis, il n'y avait pas de courts dans sa ville côtière de Hammam Sousse (centre-est), mis à part ceux des hôtels de cette cité balnéaire où la championne a tapé ses premières balles. La benjamine d'une fratrie de quatre, au regard déterminé sur des photos de l'époque, avait déjà un caractère bien trempé.

Son entraîneur d'alors, qui l'a suivie pendant dix ans, ne cache pas sa fierté. "Je me souviens d'elle petite. Elle avait comme un feu en elle. Elle n'arrêtait pas de bouger", a expliqué à l'AFP Nabil Mlika, 55 ans.

Elle apprenait tellement vite que son entraîneur était souvent confronté à un dilemme: "Fallait-il élever le niveau des exercices pour elle ou attendre que ses camarades puissent suivre le rythme ?" "Elle avait des capacités physiques et de grandes facilités avec le ballon à tel point que certains entraîneurs voulaient qu'elle fasse du handball", a rappelé M. Mlika. "Elle y a réfléchi mais elle a décidé de rester dans le tennis".

Née dans le village côtier de Ksar Hellal, elle a déménagé dès l'âge de 12 ans à Tunis pour intégrer un prestigieux lycée sportif. M. Laabidi a suivi le même parcours. "Ons, même blessée dans un match, essayait de le terminer en se donnant à fond", a-t-il relevé. "Elle était toujours blagueuse et avait déjà le contact facile. Mais elle était aussi un peu provocatrice et aimait débattre de tous les sujets".

"Courir après toutes les balles"

Tous ceux qui l'ont connue jeune assurent qu'elle n'a pas beaucoup changé. "Elle continue de courir après toutes les balles à l'entraînement, ce qu'elle a toujours fait depuis ses débuts", a souligné son ancien entraîneur.

Son premier fait d'armes international remonte à 2011, lorsqu'elle a remporté, à 16 ans, le titre juniors à Roland-Garros. Grâce à sa notoriété, son ancien club de Hammam Sousse, qui a baptisé un court à son nom, a connu un boom des inscriptions, passées de 320 en 2018 à plus de 700 adhérents aujourd'hui.

Consciente de son rôle, Jabeur, mariée depuis 2015 à son préparateur physique Karim Kammoun, ancien escrimeur professionnel, clame régulièrement son attachement à la Tunisie, pays en proie à une grave crise économico-politique et qui a peu de moyens à consacrer au sport.

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