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Soupçons d'achats de voix après une élection clé au Nigeria


Kayode Fayemi avec Muhammadu Buhari à Auja, le 11 novembre 2015
Kayode Fayemi avec Muhammadu Buhari à Auja, le 11 novembre 2015

Des organisations de la société civile nigériane ont accusé lundi les principaux partis politiques d'avoir acheté des voix lors de l'élection très disputée du gouverneur de l'Etat d'Ekiti, à un peu plus de six mois de la présidentielle.

Le candidat du Congrès des progressistes (APC, au pouvoir), Kayode Fayemi, a remporté samedi ce scrutin clé contre le candidat du Parti démocratique populaire (PDP), principal parti d'opposition au Nigeria, qui contrôlait depuis 2014 l'Etat d'Ekiti.

L'APC et le PDP auraient payé entre 3.000 et 5.000 nairas (7 à 12 euros) par électeur pour l'emporter.

L'élection était considérée comme ayant valeur de test pour la popularité du président Muhammadu Buhari, qui espère briguer un second mandat lors de la prochaine présidentielle prévue en février 2019.

>> Lire aussi : Succès électoral du parti au pouvoir au Nigeria à l'approche de la présidentielle

Une coalition d'ONG prodémocratie, la Nigeria Civil Society Situation Room, a indiqué lundi que ses observateurs avaient remarqué "des incitations financières et des achat de votes dans et autour de nombreux bureaux de vote".

"Les principaux partis politiques sont les premiers responsables de ces infractions", a déclaré le coordonnateur de la coalition, Clement Nwankwo, dans un communiqué.

Les ONG s'inquiètent de l'ampleur de la pratique, suggérant que les élections au Nigeria étaient "monétisées en toute impunité".

"Cette tendance laisse présager un grave danger pour la démocratie nigériane, car elle entrave le droit des citoyens de choisir librement leurs dirigeants et menace l'essence de la démocratie", a ajouté M. Nwankwo.

Selon des observateurs internationaux, les incitations en liquide ont remplacé la pratique du bourrage d'urnes depuis l'introduction d'appareils portables pour lire les cartes d'identité biométriques des électeurs, limitant ainsi les risques de fraudes.

Selon Joe Ekei-Odumakin, de l'Initiative des femmes debout pour le changement (WACI), il est facile d'acheter les électeurs avec quelques "liasses de nairas", dans un Etat frappé par la pauvreté, où les fonctionnaires n'ont pas été payés depuis plusieurs mois à cause de la récession économique et de la mauvaise gestion des deniers publics.

"Ces pratiques d'achats de voix ridiculisent notre démocratie, la Commission électorale nationale indépendante (INEC) doit arrêter la tendance avant les prochaines élections", a-t-elle ajouté.

"L'argent est très tentant" pour les travailleurs sans salaires, a également souligné lundi Sam Omatseye, un éditorialiste du quotidien The Nation.

Le nouveau gouverneur Fayemi, qui était ministre des Minéraux solides dans le gouvernement fédéral jusqu'à récemment, a promis de payer les arriérés de salaires dans la fonction publique après son entrée en fonction.

Avec AFP

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