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Soudan: les manifestants anti-putsch dans les rues de Khartoum


Des manifestants soudanais contre le coup d'État participent à une manifestation dans la capitale Khartoum, le 13 novembre 2021.
Des manifestants soudanais contre le coup d'État participent à une manifestation dans la capitale Khartoum, le 13 novembre 2021.

Les forces de sécurité ont tenté de disperser à coup de grenades lacrymogènes des centaines d'opposants au coup d'Etat dans Khartoum et sa banlieue samedi, une journée test pour les manifestants comme pour les généraux au pouvoir.

Les partisans d'un pouvoir civil, réduits à s'organiser par SMS ou graffitis sur les murs avec internet coupé depuis trois semaines, veulent montrer qu'ils pèsent encore, alors que les militaires devront faire preuve de retenue pour rassurer la communauté internationale qui a condamné le putsch du 25 octobre au Soudan.

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Comme à chaque démonstration de force de la rue, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes sur des centaines de manifestants à Omdourman, banlieue nord-ouest séparée de la capitale soudanaise par un pont sur le Nil, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Ils ont installé dans la capitale et ses faubourgs des barrages volants pour bloquer les manifestants.

Dès les premières heures du matin, soldats et paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) se sont positionnés en masse à Khartoum, bloquant les ponts reliant le centre à ses deux banlieues (Omdourman et Khartoum-Nord) et quadrillant les principaux axes.

Alors qu'il était impossible de se déplacer d'un quartier à l'autre, un témoin a fait état manifestants dans le sud de la capitale, tandis que des centaines d'autres ont réussi à protester à Omdourman.

"A bas de le Conseil", "Non au pouvoir militaire", ont-ils scandé.

Le général Abdel Fattah al-Burhane, auteur du coup d'Etat, a réinstallé jeudi le Conseil de souveraineté, plus haute autorité de la transition depuis la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019, écarté par l'armée sous la pression de la rue.

Depuis le coup d'Etat, 15 personnes ont été tuées et plus de 300 blessées dans la répression des manifestations, selon des médecins. Des centaines d'opposants et des militants ont été arrêtés, d'après les syndicats et autres associations prodémocratie.

"Opposition éclatée"

Le 25 octobre, le général Burhane a rebattu les cartes d'une transition qui battait de l'aile depuis des mois. Il a fait rafler la quasi-totalité des civils au sein du pouvoir et mis un point final à l'union sacrée entre civils et militaires qui avait mis fin à 30 ans de dictature Béchir.

Jeudi, il a acté la rupture: il a reformé le Conseil de souveraineté qu'il avait dissous le 25 octobre, reconduisant les militaires et nommant des civils apolitiques en remplacement des partisans d'un transfert complet du pouvoir aux civils.

Avec son second, le général Mohammed Hamdane Daglo, chef des RSF et accusé d'exactions graves, ils se sont engagés à "des élections libres et transparentes" à l'été 2023.

Des promesses qui n'ont pas apaisé l'opposition, alors que le retour en arrière est bien visible.

Lors du putsch, le général Burhane a suspendu des articles de la déclaration constitutionnelle censée encadrer la transition jusqu'aux élections. Il les a réintroduits jeudi mais après en avoir retiré toutes les mentions faites des Forces de la liberté et du changement (FLC), bloc civil né de la révolte populaire de 2019.

"Maintenant que le coup d'Etat a eu lieu, les militaires veulent consolider leur mainmise sur le pouvoir", décrypte Jonas Horner, chercheur à l'International Crisis Group.

Face aux généraux, "l'opposition civile au coup d'Etat est éclatée et divisée", assure ce spécialiste du Soudan.

En outre, les organisations prodémocratie qui étaient parvenues à paralyser le Soudan contre Béchir semblent cette fois-ci incapables de ratisser large dans l'un des pays les plus pauvres au monde.

"Plus difficile"

Pour Volker Perthes, émissaire de l'ONU au Soudan, "la nomination unilatérale du Conseil de souveraineté rend beaucoup plus difficile un retour aux engagements constitutionnels" de 2019.

Mais, la priorité samedi, ajoute M. Perthes sur Twitter, c'est que "les forces de sécurité fassent preuve de la plus grande retenue".

Le Premier ministre renversé Abdallah Hamdok lui est toujours en résidence surveillée. L'armée n'a libéré que quatre ministres, en dépit des appels quasi-quotidiens de la communauté internationale à un retour au gouvernement civil d'avant-25 octobre.

Le général Burhane annonce depuis plusieurs jours la formation "imminente" d'un gouvernement mais rien de concret jusqu'ici.

De plus, les membres du nouveau Conseil de souveraineté ne présentent pas un front uni.

Les observateurs ont noté que les trois ex-chefs rebelles reconduits au sein de l'instance n'ont pas prêté serment avec les autres. Ils avaient annoncé rejeter le putsch et ne sont pas apparus depuis leur nomination.

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