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Soudan: la police disperse des manifestants rejetant l'enquête sur la répression d'un sit-in


La fumée monte derrière les barricades posées par les manifestants pour bloquer une rue de la capitale soudanaise, Khartoum, afin d'empêcher les véhicules militaires de circuler, le 5 juin 2019.
La fumée monte derrière les barricades posées par les manifestants pour bloquer une rue de la capitale soudanaise, Khartoum, afin d'empêcher les véhicules militaires de circuler, le 5 juin 2019.

La police soudanaise a tiré dimanche à Khartoum des gaz lacrymogènes sur des dizaines de manifestants qui ont appelé à une nouvelle enquête indépendante sur la répression meurtrière d'un sit-in, insatisfaits des conclusions d'une investigation officielle annoncées la veille, selon des témoins.

Une enquête a conclu samedi à l'implication de huit paramilitaires dans la dispersion brutale en juin d'un sit-in de manifestants devant le siège de l'armée à Khartoum, épicentre du mouvement de contestation déclenché en décembre.

Les chefs de la contestation ont rejeté les conclusions de l'enquête, qui évoque un bilan des victimes moins élevé que le leur et exonère la responsabilité du Conseil militaire, au pouvoir depuis la destitution du président Omar el-Béchir le 11 avril.

Selon un comité de médecins proche de la contestation, 127 manifestants ont été tués le 3 juin et des centaines blessés. Farah al-Rahmane Saïd, à la tête de la commission d'enquête, a fait état samedi de 17 morts lors de la dispersion du sit-in et de 87 personnes tuées entre le 3 juin et le 10 juin.

Dimanche, de nombreux manifestants réunis dans le quartier de Burri, dans l'est de Khartoum, ont scandé "Liberté, paix, justice", l'un des slogans de la contestation, selon des témoins.

La police anti-émeute a tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser et certains manifestants ont lancé des pierres en direction des forces de sécurité, ont rapporté des témoins.

L'enquête a été "commandée par le Conseil militaire, ce qui met en question son intégrité, le Conseil militaire lui-même étant accusé dans cette affaire", a affirmé l'Association des professionnels soudanais (SPA), un des principaux membres du mouvement de contestation.

Manifestants et ONG ont accusé les Forces de soutien rapide (RSF) d'être derrière la répression. Mais le numéro deux du Conseil militaire au pouvoir, Mohammed Hamdan Daglo, également commandant des RSF, a nié toute responsabilité de ses forces.

Farah al-Rahmane Saïd a affirmé samedi que le Conseil militaire avait ordonné aux RSF d'évacuer un secteur situé non loin du sit-in.

Mais, a-t-il ajouté, un général des RSF a ordonné à un colonel de disperser le sit-in: "ils ont désobéi". Ils ont demandé aux membres des RSF de se rendre "jusqu'au sit-in et leur ont donné l'ordre de descendre de leurs véhicules et de chasser les manifestants".

Après la dispersion du 3 juin, la répression s'est poursuivie pendant plusieurs jours pour empêcher tout rassemblement. Depuis décembre, elle a fait 246 morts, y compris les 127 manifestants tués le 3 juin, selon le comité de médecins.

Avec AFP

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