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Amnesty documente la "brutalité ahurissante" de nouveaux crimes au Soudan du Sud


Des proches de six travailleurs humanitaires tués dans une embuscade, devant la morgue à Juba, au Soudan du Sud, le 27 mars 2017.
Des proches de six travailleurs humanitaires tués dans une embuscade, devant la morgue à Juba, au Soudan du Sud, le 27 mars 2017.

L'armée sud-soudanaise et ses milices alliées se sont livrées à de nouvelles atrocités d'une "brutalité ahurissante" contre des civils lors d'une offensive menée d'avril à début juillet dans le nord du pays, a déclaré Amnesty International dans un rapport.

Dans ce document intitulé "Tout ce qui respirait était tué: des crimes de guerre à Leer et Mayendit", l'ONG a compilé les témoignages de quelque 100 survivants, qui font état de civils tués aveuglément, pendus à des arbres et "écrasés par des véhicules blindés", mais aussi de viols, enlèvements et pillages.

L'offensive contre cette zone de l'Etat d'Unité (nord) tenue par les rebelles a débuté fin avril et a duré jusque début juillet, soit une semaine après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu ayant précédé la signature le 12 septembre du dernier accord de paix en date - les précédents s'étant soldés par des échecs.

Le déferlement de violence qui s'est abattu sur les régions de Leer et Mayendit est un nouvel exemple des atrocités à caractère ethnique commises durant le conflit sud-soudanais, débuté fin 2013 deux ans et demi après l'indépendance et qui a fait des dizaines de milliers de morts et poussé des millions de Sud-soudanais à fuir leurs foyers.

Les témoins cités par Amnesty International rapportent notamment l'usage de véhicules amphibies pour poursuivre les civils fuyant dans les marais et des tirs à l'aveugle dans les hautes herbes. Ils assurent également que les soldats, de l'ethnie dinka, celle du président Salva Kiir, rassemblaient des civils dans des habitations pour ensuite y mettre le feu.

"Il y avait aussi cinq enfants qu'ils ont frappés en les balançant contre un arbre, ils avaient deux ou trois ans. Ils ne veulent pas que les garçons vivent car ils savent qu'ils grandiront et deviendront des soldats", a raconté Nyaweke, 20 ans, citée dans le communiqué, qui a par ailleurs vu des soldats tuer son père.

D'autres survivants ont décrit un bébé tué par un soldat, qui l'a écrasé avec son pied.

"De nombreuses femmes ont été violées", a ajouté l'ONG, citant des témoins évoquant des viols en réunion de jeunes filles de huit, 13 et 15 ans. Captives pendant parfois plusieurs semaines, "celles qui essayaient de résister étaient tuées".

"Les Dinka atendaient en file pour nous violer", a déclaré une survivante.

Le gouvernement a nié en bloc ces accusations. Amnesty Intenational "ne veut pas la paix pour le Soudan du Sud", a réagi face à la presse le ministre de l'Information Michael Makuei. "Ce sont des gens qui continuent d'envoyer des rapports pour faire croire à la communauté internationale que le Soudan du Sud n'est pas en paix".

Amnesty International a par ailleurs dénoncé l'impunité dont bénéficient les auteurs de crimes depuis le début du conflit entre le président Kiir et son rival Riek Machar, soulignant que de nombreux appels à enquêter sur des crimes contre l'humanité et crimes de guerre ont été jusqu'à présent ignorés.

"Le seul moyen d'arrêter ce cycle vicieux de violence est de mettre un terme à l'impunité dont bénéficient les combattants sud-soudanais, quel que soit leur camp", conclut l'ONG.

Rare exemple de justice rendue au Soudan du Sud, dix soldats avaient été condamnés à de lourdes peines de prison le 6 septembre pour le meurtre d'un journaliste sud-soudanais et le viol de cinq travailleuses humanitaires étrangères.

Avec AFP

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