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RDC : l’ONU arrêtera en septembre de nourrir près de 7.000 ex-rebelles


Des combattants FDLR jouent aux cartes dans le village Lusoa, Nord-Kivu, RDC, 28 mars 2015. (Nicholas Long for VOA News)
Des combattants FDLR jouent aux cartes dans le village Lusoa, Nord-Kivu, RDC, 28 mars 2015. (Nicholas Long for VOA News)

Selon Martin Kobler, la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), qu’il dirige "n'a pas suffisamment d'argent pour nourrir" les ex-combattants.

"On est en train de parler avec le gouvernement pour arrêter la nourriture le 15 septembre pour les autres camps et le 30 septembre pour celui de Kisangani" (nord-est) car il faut "transférer" cette responsabilité à Kinshasa, affirme M. Kobler.

Selon lui, la Monusco va cesser en septembre de nourrir près de 7.000 ex-rebelles congolais et étrangers, suscitant des inquiétudes sur l'avenir de ces combattants dans un pays toujours miné par les violences.

"Il y a 6.800 ex-combattants que la Monusco nourrit" dans différents camps de démobilisation, essentiellement situés dans l'est et l'ouest de la RDC, pour "deux millions de dollars par mois", a déclaré à l'AFP Martin Kobler, chef de la Monusco.

La Monusco gère un programme de désarmement, démobilisation, rapatriement, réintégration et réinstallation (DDRRR) des rebelles étrangers. La gestion des camps d'ex-combattants, congolais ou non, revient à la RDC, et la Monusco apporte une aide alimentaire et logistique.

Taz Greyling, chef du programme DDRRR, a précisé à la presse que la RDC avait débloqué 1,5 million de dollars pour prendre le relais, avant d'appeler la communauté internationale à investir dans le programme de démobilisation, estimé à 85 millions de dollars.

Interrogé par l'AFP, un haut responsable de l'armée congolaise a reproché à la Monusco d'avoir pris une décision "unilatérale" et "dangereuse" en "violation" de ses engagements, et estimé que cette mesure allait "certainement décourager les autres combattants de se rendre". L'annonce de la Monusco intervient alors que, jeudi, les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) avaient accusé Kinshasa d'"affamer" près de 200 de ses ex-combattants et 600 de leurs proches cantonnés à Kisangani afin de les "forcer à rentrer au Rwanda.

Cela "confirme la volonté de la Monusco et du gouvernement congolais de rapatrier de force nos ex-combattants contre leur gré, à défaut les affamer jusqu'à la mort", a déclaré à l'AFP La Forge Fils Bazeye, un porte-parole des FDLR qui sont toujours dans le maquis.

Certains membres des FDLR sont soupçonnés d'avoir participé au génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda avant de fuir dans l'est congolais, où ils sont accusés de graves crimes. En avril 2014, ils ont dit vouloir faire reddition pour "se consacrer à la lutte politique" au Rwanda, qui refuse tout dialogue avec eux.

Au final, quelques centaines de combattants se sont rendus et une partie d'entre eux transite à Kisangani avant un départ pour le Rwanda ou un pays tiers. Lundi, Saïd Djinnit, envoyé spécial de l'ONU pour la région des Grands Lacs, a plaidé pour une "accélération" de leur rapatriement.

Seulement, beaucoup refusent d'obtempérer disant craindre pour leur sécurité. Mme Greyling, elle, a plutôt accusé des FDLR d'"empêcher" les retours. "On ne peut pas les forcer à rentrer (...) mais ils ne peuvent pas rester ici, au Congo", a souligné M. Kobler, rappelant que plus de 12.000 ex-FDLR ont été rapatriés depuis 2002.

Depuis près de vingt ans, l'Est congolais est en proie à l'activisme de dizaines de groupes armés congolais et étrangers qui s'affrontent pour des raisons ethniques, foncières ou pour le contrôle d'importantes ressources minières dont regorge la région.

En décembre 2013, la RDC a lancé un troisième programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) pour les rebelles congolais. Un programme que la communauté internationale rechignait à financer en raison du succès limité de précédents plans du genre.

Le nouveau plan prévoyait notamment le regroupement des ex-combattants dans des camps, une "phase de réintégration durable sur un site de leur choix" et un "suivi" pendant cinq ans. Mais dans certains centres, les mauvaises conditions de vie ont poussé certains à repartir en brousse.

Avec AFP

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