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Répétition générale de l'élection présidentielle au rythme de l'afropop au Nigeria


Un panneau de campagne avec photographie et message aux électeurs du chanteur multi-millionnaire Afropop Davido, de son vrai nom David Adedeji Adeleke, à Oshogbo, dans l’État d’Osun, dans le sud-ouest du Nigéria, le 21 septembre 2018.
Un panneau de campagne avec photographie et message aux électeurs du chanteur multi-millionnaire Afropop Davido, de son vrai nom David Adedeji Adeleke, à Oshogbo, dans l’État d’Osun, dans le sud-ouest du Nigéria, le 21 septembre 2018.

Star multimillionnaire de l'afropop, célébré à travers l'Afrique, le Nigérian Davido a retiré son costume de scène pour enfiler celui de militant politique, afin d'apporter son soutien à son oncle, que ses millions de fans pourraient élire gouverneur de l'État d'Osun.

Les candidats de 48 partis rivalisent samedi pour choisir le successeur du gouverneur issu du Congrès des Progressistes (APC, parti au pouvoir), Rauf Aregbesola, qui part après un maximum de deux mandats de quatre ans.

Le véritable duel se jouera entre le sénateur Ademola Adeleke, surnommé "le sénateur de la danse" après ses nombreux buzz sur les réseaux sociaux grâce à son impressionnant déhanché, pour le principal parti d'opposition (Parti populaire démocratique, PDP), et Gboyega Oyetola pour l'APC.

Le scrutin constitue aussi une répétition générale et un test de popularité dans le sud-ouest pour l'APC avant la présidentielle de février, où le sortant Muhammadu Buhari, en difficulté en fin de mandat, se représente.

Tout le pays a ainsi les yeux rivés sur le petit État d'Osun, connu pour être versatile, et qui peut faire pencher la balance entre les deux principaux partis.

Contrairement au monde occidental, où les campagnes électorales sont rythmées (ou dictées) par les sondages, il n'existe au Nigeria aucun institut de sondage indépendant ou cabinet d'études de l'opinion fiable pour estimer le rapport de force entre candidats.

- "Entre les mains de Dieu" -

Le président Buhari ne connaît pas encore son futur adversaire, qui doit être désigné lors d'une primaire du PDP. L'ancien général de 75 ans a ses chances, mais il ne fait pas le poids face à l'idole des jeunes, Davido (de son vrai nom David Adedeji Adeleke), avec ses 7,5 millions d'abonnés Instagram.

Le weekend avant l'élection, une marée humaine de plusieurs dizaines de milliers de personnes a déferlé dans les rues d'Ede, dans l'État d'Osun, espérant apercevoir la star de l'afropop. Davido paradait dans sa ville d'origine en costume pagne à l'effigie de son oncle, bordé du petit parapluie vert, blanc, rouge du PDP.

Dans tout l'État, des panneaux publicitaires montrent le chanteur de "If" ou "Skelewu" (des tubes intercontinentaux) confortablement installé dans un fauteuil en cuir avec ce slogan sans fioritures: "Moi, Davido, soutiens le sénateur Nurudeen Ademola Adeleke pour le poste de gouverneur de l'État d'Osun".

Sur Instagram, Davido a publié une photo où il serre Ademola Adeleke dans ses bras tatoués et musclés. Il écrivait: "Le reste est entre les mains de Dieu. Je t'aime mon oncle".

Pour le PDP, recevoir le soutien de la personnalité préférée des Nigérians, âgée de 25 ans à peine, est un cadeau du Ciel.

Partout où il passe, c'est la cohue. Même s'il a récemment troqué ses montres en vrais diamants et son jet privé, avec lequel il vient de boucler une longue tournée en Afrique sub-saharienne, pour l'uniforme du service civil, obligatoire au Nigeria.

- Sécurité renforcée -

Sa participation à la vie politique du pays n'est pas vraiment surprenante: Davido est issu d'une grande dynastie d'hommes politiques. Son grand-père, Raji Ayoola Adeleke, fut lui-même sénateur entre 1979 et 1983, et un autre de ses oncles le premier gouverneur post-régime militaire d'Osun en 1992.

Quant à son père, il fait partie des milliardaires nigérians qui ont fait fortune en gravitant autour du monde politique, et en investissant dans les banques, l'immobilier, l'éducation, l'export, et bien sûr le pétrole.

Après cette fin de campagne festive, les quelque 1,7 million d'électeurs d'Osun se rendent aux urnes samedi dans une ambiance tendue. La police a mobilisé 40.000 agents à travers l'État, deux hélicoptères et 300 véhicules pour assurer le bon déroulement du scrutin.

Les groupes de la société civile redoutent des "achats de vote" lors de l'élection du gouverneur de l'État voisin d'Ekiti en juillet, un candidat de l'APC. Cette pratique "éhontée" reste largement répandue, selon la coalition de la Nigeria Civil Society Situation Room.

En attendant les résultats pour l'État d'Osun, le président Buhari a promis que la prochaine présidentielle serait "libre et transparente". Mais sans bling, ni afrobeats, rien n'est moins sûr.

Avec AFP

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