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Plusieurs manifestations dispersées au Soudan, dont une marche vers la présidence


Des habitants de Khartoum en pleine tempête de sable, au Soudan, le 29 mars 2018.
Des habitants de Khartoum en pleine tempête de sable, au Soudan, le 29 mars 2018.

Plusieurs manifestations contre le pouvoir d'Omar el-Béchir ont été dispersées au gaz lacrymogène jeudi au Soudan, dont une marche de plusieurs centaines de personnes vers la présidence dans la capitale Khartoum, après plus d'un mois d'une contestation qui ne faiblit pas.

Depuis le 19 décembre, le Soudan est secoué par un mouvement de protestation déclenché par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique.

Les manifestations rythmées par le principal slogan "liberté, paix et justice" ont fait l'objet d'une répression gouvernementale condamnée à l'international, notamment par les Etats-Unis, qui ont averti Khartoum que cela pourrait entraver la reprise de leurs relations diplomatiques.

Selon de nombreux observateurs, le mouvement, qui a fait tâche d'huile dans le pays, est devenu le plus grand défi posé à Omar el-Béchir depuis son arrivée au pouvoir par un coup d'Etat soutenu par les islamistes en 1989.

Vingt-six personnes sont mortes, dont deux membres des forces de sécurité, selon un bilan officiel. Des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International ont évoqué 40 morts dont des enfants et du personnel médical, accusant les forces de l'ordre d'en être responsables.

Jeudi, répondant à l'appel de l'Association des professionnels soudanais, à la tête de la contestation, des centaines de manifestants ont voulu marcher en direction de la présidence à Khartoum mais en ont été empêchés par la police, qui a fait usage de gaz lacrymogène, selon des témoins.

Défilant dans le quartier Buri, dans l'est de Khartoum, des hommes et des femmes ont crié "mourons en martyrs ou battons-nous pour nos droits".

D'autres ont répété "liberté, liberté" et "révolution, révolution" et ont bloqué les rues à l'aide de troncs d'arbre, de barres de fer, de pierres et de pneus enflammés, provoquant un nuage de fumée, d'après les mêmes sources.

- "Renverser le régime" -

Selon un manifestant, la police a "moins fait usage de la force" que lors de précédents rassemblements. Mais "même s'ils le font, peu importe", a-t-il ajouté, "nous accomplirons notre mission qui est de renverser le régime".

Plusieurs témoins ont affirmé que les policiers déployés à Khartoum et Omdourman, la ville voisine, étaient moins nombreux jeudi, même s'ils étaient beaucoup à patrouiller, équipés de masques, à bord de pick-up.

Ces dernières semaines, plusieurs tentatives des manifestants pour rejoindre le palais présidentiel avaient déjà été empêchées par des tirs de gaz lacrymogènes.

A Khartoum, plusieurs entreprises et magasins avaient demandé à leurs employés de partir avant le début des manifestations tandis que dans beaucoup d'écoles de nombreux élèves étaient absents.

Les forces anti-émeutes ont également tiré des gaz lacrymogènes à Omdourman et à Wad Madani. Plusieurs rassemblements ont été signalés par des témoins dans les États d'Al-Jazeera (centre) et d'Al-Gadaref (sud-est) ou encore dans des villages le long de l'autoroute entre Khartoum et Wad Madani, au sud de la capitale.

- "Conspirateurs" -

Ils ont également été des centaines à manifester à Port-Soudan, où un agent de sécurité du puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) --qui mène la répression du mouvement-- a été tué mercredi soir dans des affrontements avec un groupe de soldats, selon la police.

Les raisons de cet affrontement ne sont pas connues mais la police a déclaré jeudi que les chefs des deux groupes étaient intervenus pour y mettre fin et que la situation était "sous contrôle".

Le NISS a arrêté en près d'un mois des dizaines de leaders de l'opposition, de militants et de journalistes.

Omar el-Béchir, 75 ans, a par ailleurs refusé de démissionner et a imputé les violences à des "conspirateurs".

Mercredi, les Etats-Unis ont appelé le Soudan à libérer les militants détenus et à une "enquête crédible et indépendante sur les morts et les blessés parmi les manifestants".

Pour le président soudanais, les Etats-Unis sont à l'origine des difficultés économiques en raison d'un sévère embargo, imposé pendant 20 ans (1997-2017), qui interdisait au Soudan de mener des activités commerciales et des transactions financières à l'international.

Au-delà de la baisse des subventions du pain, le Soudan, amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, fait face à un grave déficit en devises étrangères.

Les habitants sont confrontés à des pénuries régulières d'aliments et de carburants, tandis que les prix de certaines denrées subissent une forte inflation.

Avec AFP

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