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Plus de 800 manifestants arrêtés au Soudan, premier rassemblement prorégime


Manifestants à Khartoum au Soudan le 25 décembre 2019.
Manifestants à Khartoum au Soudan le 25 décembre 2019.

Plus de 800 manifestants ont été arrêtés au Soudan depuis le début il y a environ trois semaines des protestations antigouvernementales déclenchées par la hausse des prix, alors qu'un premier rassemblement de soutien au régime du président Omar el-Béchir a eu lieu lundi.

En plein marasme économique, le Soudan est en proie depuis le 19 décembre à un mouvement de contestation provoqué par la hausse du prix du pain et les pénuries. Les protestations se sont vite transformées en un mouvement contre le régime de M. Béchir qui s'est emparé du pouvoir par un coup d'Etat en 1989.

Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées durant les manifestations, selon les autorités. Amnesty International a fait état de la mort de 37 manifestants et l'ONU a appelé à une enquête indépendante.

Devant le Parlement, le ministre de l'Intérieur Ahmed Bilal Osmane a annoncé "l'arrestation de 816 que manifestants" depuis le début de la contestation qui a touché plusieurs villes y compris la capitale Khartoum.

"Les manifestations ont commencé pacifiquement, mais des voyous aux intentions cachées s'en sont servis pour s'adonner au pillage et au vol", a-t-il dit, ajoutant que la situation était désormais "calme et stable".

Le ministre n'a pas fait allusion à l'arrestation de leaders de l'opposition, de militants et de journalistes dont des dizaines ont été interpellés par le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) selon des militants et opposants.

M. Osmane a fait état de "381 manifestations" et affirmé que 118 bâtiments, dont 18 de la police, avaient été détruits durant les manifestations, et 194 véhicules incendiés, dont 15 appartenant à des organisations internationales.

Ces dernières semaines, plusieurs bâtiments et bureaux du parti du Congrès national (NCP) de M. Béchir ont été incendiés par des protestataires scandant "le peuple veut la chute du régime".

- "Nous voulons Béchir" -

Lundi, de nouvelles manifestations ont eu lieu dans la ville de Port Soudan, sur la mer Rouge, mais elles ont été rapidement dispersés par les forces anti-émeutes, ont indiqué des témoins.

La veille, une nouvelle marche en direction du palais présidentiel a été aussi dispersée à coups de gaz lacrymogènes.

Dans le même temps, un premier rassemblement progouvernemental a eu lieu dans la ville orientale de Kassala où des manifestants se sont regroupés devant le siège du gouvernorat local.

Plusieurs manifestants ont brandi des banderoles avec la mention "Béchir, nous voulons que vous restiez", selon des témoins.

"Nous voulons Béchir comme président pour que la sécurité soit maintenue", a dit Mohameddine Issa, l'un des manifestants et habitant de Kassala, joint au téléphone par l'AFP.

"La sécurité est notre priorité absolue (...). Je pense que le problème de la nourriture sera bientôt résolu", a-t-il ajouté.

Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le Soudan est confronté à une inflation de près de 70% par an et à une grave crise monétaire.

Le prix de certains produits comme les médicaments ont plus que doublé et plusieurs villes dont Khartoum souffrent de pénuries de pain et de carburant.

"Le rassemblement à Kassala montre combien le gouvernement est populaire et combien le pays est en sécurité", a réagi Ibrahim al-Siddiq, porte-parole du parti présidentiel.

Le ministre soudanais du Travail, Bahar Idris Abou Garda, a annoncé qu'un nouveau rassemblement prorégime aurait lieu mercredi à Khartoum.

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