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Ouganda: HRW demande la fermeture des centres de détention illégaux 


Des opposants ougandais lors d'une manifestation devant la Banque mondiale à Washington, DC en janvier.
Des opposants ougandais lors d'une manifestation devant la Banque mondiale à Washington, DC en janvier.

Human Rights Watch (HRW) demande au gouvernement ougandais la fermeture des centres de détention illégaux utilisés par les services de sécurité pour réprimer l'opposition, dans un rapport publié mardi documentant les abus commis dans ces sites clandestins.

L'ONG a recueilli les témoignages de 51 personnes, dont 34 anciens détenus et témoins d'enlèvement, qui ont décrit les abus dont ils ont été victimes entre les mains de la police, de l'armée et des services de renseignement (ISO) entre avril 2019 et novembre 2021.

Cette période a notamment été marquée par une féroce répression au moment des élections de janvier 2021, qui ont vu le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, réélu au terme d'un scrutin qualifié de "mascarade" par l'opposition.

"Human Rights Watch appelle le gouvernement ougandais à fermer immédiatement toutes les prétendues maisons sécurisées et centres de détention non autorisés", écrit HRW, demandant de "libérer toutes les personnes détenues (...) ou de les traduire sans délai devant un tribunal pour qu'elles soient inculpées d'une infraction reconnue par la loi".

Dans le rapport, les victimes interrogées -membres de l'opposition, sympathisants ou simples manifestants- racontent leur arrestation à leur domicile, au travail ou dans la rue, embarqués dans des fourgons sans plaque d'immatriculation surnommés les "drones".

Elles affirment avoir été détenues arbitrairement dans des lieux secrets supervisés par l'ISO, dont un site baptisé "Base One" en périphérie de la capitale Kampala et un autre sur une île du lac Victoria. Elles disent avoir été tabassées et torturées, notamment selon une technique baptisée "Rambo" consistant à suspendre les détenus au plafond durant une douzaine d'heures avec des chaînes autour du cou, de la taille et des genoux.

Certaines affirment avoir eu des ongles arrachés, été brûlées au fer à repasser, avoir subi décharges électriques, injections de substances inconnues ou violences sexuelles, ou encore avoir vu des détenus avec des briques accrochées aux testicules.

"Les autorités ougandaises doivent de toute urgence réformer la police et les autres agences de sécurité pour démanteler les structures qui ont permis à ces horribles abus de se produire et de rester impunis", estime Oryem Nyeko, chercheur sur l'Ouganda au sein de l'ONG.

Dans un rapport de février 2020, le comité des droits de l'homme du Parlement ougandais avait signalé des cas de détention illégale et torture dans des centres non officiels. Ses demandes d'investigation sont restées lettre morte, selon HRW.

Ces dernières années ont été marquées en Ouganda par une répression accrue contre les journalistes, des incarcérations d'avocats ou le musellement de dirigeants de l'opposition.

Début février, l'écrivain et opposant Kakwenza Rukirabashaija a fui en Allemagne, expliquant devoir suivre des soins après avoir été torturé en détention. Il avait été arrêté fin décembre, puis inculpé de "communication offensante" envers le président Museveni et son fils pour une série de tweets.

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