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Human Rights Watch dénonce les viols commis par des jeunes proches du parti au pouvoir au Burundi


Des silhouettes derrière le drapeau national du Burundi, le 9 juin 2015.
Des silhouettes derrière le drapeau national du Burundi, le 9 juin 2015.

Des jeunes miliciens proches du pouvoir burundais et des policiers se sont livrés à des viols collectifs répétés sur des femmes considérées comme proches de l'opposition, depuis le début de la crise en avril 2015, selon Human Right Watch.

Des policiers et des jeunes miliciens proches du pouvoir se sont livrés à des viols collectifs sur des femmes considérées comme proches de l'opposition depuis le début de la crise au Burundi en avril 2015, accuse l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) dans un rapport.

"Nombre de ces viols paraissent avoir été dirigés contre des parentes d'individus perçus comme des opposants au gouvernement. Des policiers ou des hommes portant des uniformes de police ont aussi commis des viols", affirme HRW.

Des accusations similaires avaient été lancées en janvier par l'ONU. Le Haut commissaire aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, avait dénoncé "des violences sexuelles commises par des membres des forces de sécurité".

Il avait évoqué "13 cas de violences sexuelles contre des femmes", commis "dans les quartiers perçus comme soutenant l'opposition".

Le Burundi est plongé dans une grave crise émaillée de violences depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature pour un troisième mandat, avant d'être réélu en juillet.

Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays.

Human Rights Watch décrit "un schéma d'abus en plusieurs endroits et dans plusieurs provinces, où des hommes armés de fusils, de bâtons ou de couteaux ont violé des femmes lors d'attaques sur leur maison, le plus souvent de nuit".

Les membres masculins de ces familles, pour certains appartenant à des partis d'opposition, ont aussi été ciblés et parfois tués ou enlevés, assure HRW.

Pour les femmes violées, les séquelles sont multiples: blessures, infection par des maladies sexuellement transmissibles, grossesses non souhaitées, angoisse et dépression.

Ces assaillants ont "attaché, brutalement battu et violé collectivement des femmes, souvent avec leurs enfants à côté", s'est indignée Skye Wheeler, chercheuse pour HRW.

Le responsable de la communication de la présidence burundaise, Willy Nyamitwe, a dénoncé sur Twitter une publication "pleine de faussetés dans le but de diaboliser le CNDD-FDD et sa jeunesse". "Les Imbonerakure ne sont pas un gang de violeurs. La stigmatisation de HRW est dangereuse et met en péril sa crédibilité", a-t-il ajouté.

L'organisation dit avoir interrogé en mai 2016 plus de 70 de ces victimes de viols, rencontrées dans le camp de réfugiés de Nduta, dans l'ouest de la Tanzanie.

Quatorze d'entre elles ont dit avoir reconnu au moins un de leurs agresseurs comme étant un Imbonerakure. D'autres ont déclaré que les violeurs portaient des uniformes de la police. D'autres n'ont pu identifier leurs agresseurs.

"Ils me tenaient par les bras et les jambes", a expliqué une femme âgée de 36 ans, qui a raconté avoir été violée par trois Imbonerakure. "Pendant qu'ils me violaient, ils disaient: +Tuons-la, c'est la femme d'un (membre du parti d'opposition) FNL+". Le lendemain, le corps de son mari a été retrouvé dans un fossé près de leur maison.

Human Rights Watch déplore en outre que "ceux qui ont fui en Tanzanie ne sont pas à l'abri des violences sexuelles dans les camps, où le nombre de viols est de manière alarmante très élevé, et notamment les viols d'enfants".

Selon les témoignages recueillis par HRW, ces viols sont commis par d'autres réfugiés burundais ou des Tanzaniens.

Avec AFP

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