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Deuil national au Burkina après le massacre de Seytenga qui a fait 79 morts


Des soldats du Burkina Faso patrouillent sur la route de Gorgadji dans la région du Sahel, Burkina Faso le 3 mars 2019.
Des soldats du Burkina Faso patrouillent sur la route de Gorgadji dans la région du Sahel, Burkina Faso le 3 mars 2019.

Le Burkina Faso a entamé mardi un deuil national de trois jours après l'attaque qui a fait au moins 79 morts à Seytenga (nord), selon un nouveau bilan, la tuerie la plus meurtrière depuis un an dans ce pays régulièrement frappé par les jihadistes depuis 2015.

"29 nouveaux corps ont été retrouvés. Ce chiffre s'ajoute à la cinquantaine de corps sans vie déjà trouvé portant le bilan provisoire des victimes des tueries à 79 morts", a indiqué mardi un communiqué du gouvernement qui précise que les recherches se poursuivent

La progression de l'armée est "ralentie" par la probabilité de bombes artisanales placées "par les terroristes pour miner le site", poursuit le texte.

Il s'agit de la deuxième attaque la plus meurtrière enregistrée au Burkina Faso, après celle de juin 2021 contre le village de Solhan, où 132 personnes avaient été tuées selon le gouvernement, 160 selon des sources locales.

Selon l'Union européenne qui a condamné l'attaque de Seytenga, le bilan pourrait atteindre une centaine de morts.

"Les terroristes sont venus dans la ville le samedi, jour de marché. Ils ont commencé à tirer dès qu'ils sont entrés", "vers 16h ou 17H (GMT et locales)", a raconté par téléphone à l'AFP un rescapé qui souhaite rester anonyme.

"Ils visaient uniquement les hommes. Ils ont visité des boutiques l'une après l'autre incendiant certaines. Ils tiraient sur ceux qui tentaient de fuir. Ils sont restés dans la ville toute la nuit", a poursuivi cet homme réfugié à Dori, la grande ville la plus proche.

"Dès que les tirs ont commencé samedi soir, avec ma famille on a fui en brousse. On y est resté toute la nuit avant de gagner Dori dans la matinée du dimanche. On a rien emporté et on a appris qu'ils ont incendié les maisons, donc on a tout perdu", a expliqué un autre rescapé.

Seytenga avait déjà été frappé deux jours plus tôt, jeudi, par une attaque jihadiste qui avait tué onze gendarmes. Selon plusieurs déplacés, la gendarmerie avait quitté le village le lendemain. L'armée burkinabè avait de son côté annoncé avoir tué une quarantaine de jihadistes à la suite de l'attaque de jeudi.

Les meurtres du week-end "sont des représailles aux actions de l'armée qui ont fait des saignées" au sein des groupes jihadistes, a estimé le porte-parole du gouvernement Lionel Bilgo.

"Où va le Burkina?"

Mardi, l'heure était au deuil et à l'inquiétude dans le pays.

"Où va le Burkina?" s'interrogeait mardi le quotidien privé "Le Pays" déplorant la "barbarie à nulle autre pareille" du sanglant assaut du weekend à Seytenga, situé dans la province sahélienne du Séno.

"Il faut engager une guerre décisive!", réclamait mardi le média en ligne Wakat Sera, tandis que le quotidien privé "Aujourd'hui au Faso" déplorait "un énième massacre qui enjoint à plus de vaillance et de combattivité".

Un deuil national, décrété par le président de la transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a débuté mardi à minuit et s'achèvera à la même heure vendredi.

Il est "observé sur toute l'étendue du territoire national, en mémoire des victimes de l'attaque perpétrée par des individus armés non identifiés contre la commune de Seytenga", indique le décret.

"Durant cette période, les drapeaux sont mis en berne sur tous les édifices publics et dans les représentations du Burkina Faso à l’étranger" et "les réjouissances populaires, les manifestations à caractère récréatif sont interdites", souligne le texte.

Après l'arrivée au pouvoir du lieutenant-colonel Damiba qui avait renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'inefficacité contre l'insécurité, les attaques de ces mouvements affiliés à Al-Qaïda et l'Etat islamique avaient marqué le pas.

Mais elles ont repris et tué près de 300 civils et militaires ces trois derniers mois.

Début avril, des leaders communautaires et des combattants de groupes armés locaux avaient entamé des pourparlers avec l'aval du gouvernement, essentiellement dans le nord et l'est du pays.

Ces régions frontalières du Mali et du Niger sont les plus touchées par la violence jihadiste. On estime que depuis 2015 les attaques ont fait des milliers de morts et près de deux millions de déplacés au Burkina.

Selon l'ONG Acled, le Burkina Faso a connu en 2021 davantage d'attaques meurtrières que le Mali ou le Niger, eux aussi régulièrement frappés.

"Nous assistons à une catastrophe humanitaire au Burkina Faso. Notre génération attend un miracle", conclut Yeli Monique Kam, ancienne candidate à la présidentielle de 2020.

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