Dans des tracts distribués ce week-end, des "mouvenements citoyens et groupes de pression" de Beni ont appelé à "une série de journées ville morte" à partir de lundi pour protester également contre la condamnation vendredi à un an de prison de militants de la Lucha (Lutte pour le changement), eux-mêmes arrêtés lors d'une précédente manifestation contre l'état de siège.
Selon Nasson Murara, porte-parole de la police de Beni, 11 jeunes ont été interpellés tôt lundi matin après avoir manifesté et, selon lui, détruit des équipements d'éclairage public. En fin de matinée, la situation était normale en ville, a constaté le correspondant de l'AFP.
L'état de siège, mesure exceptionnelle qui a remplacé l'administration civile par l'armée et la police, est en place depuis mai 2021 dans le Nord-Kivu et la province voisine d'Ituri. Il vise à mettre fin aux activités des nombreux groupes armés sévissant dans la région mais n'a pas permis jusqu'à présent de mettre fin aux violences.
Dimanche soir, des rebelles, appartenant selon les autorités locales aux Forces démocratiques alliées (ADF), ont attaqué le village de Masambo, où au moins 11 personnes ont été tuées à l'arme blanche et deux kidnappées, a précisé Winye Wa Benga, chef de la localité.
Un responsable d'une ONG de défense des droits humains, Gilbert Kambale, a ensuite indiqué que le bilan était passé à 15 morts. "Ils ont attaqué les personnes qui étaient dans les buvettes (...), pillé des biens et brûlé des maisons", a détaillé M. Wa Benga. Selon des rescapés, a-t-il dit, les assaillants "demandaient les noms des habitants et, si vous étiez musulman, ils vous relâchaient".
Les ADF sont présentés par l'organisation jihadiste Etat islamique comme sa branche en Afrique centrale (Iscap). Ils sont accusés de massacres dans l'est de la RDC et d'attentats jihadistes sur le sol ougandais. L'armée ougandaise a lancé une opération contre eux fin novembre dans l'est de la RDC, conjointement avec l'armée congolaise.
Selon le chef du village de Masambo, des renforts des deux armées sont arrivés dans le village après l'attaque de dimanche soir. "Nous sommes inquiets parce que les soldats ne poursuivent pas" les assaillants, a quant à lui regretté M. Kambale.