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HRW dénonce "l'exploitation" des ouvriers pour le mondial 2018


Un des nouveaux stades pour la Coupe du monde 2018, Île Krestovski, Saint-Pétersbourg, Russie, le 22 avril 2017.
Un des nouveaux stades pour la Coupe du monde 2018, Île Krestovski, Saint-Pétersbourg, Russie, le 22 avril 2017.

Les ouvriers chargés de la construction des stades du Mondial-2018 en Russie sont victimes "d'abus et d'exploitation", a accusé mercredi l'ONG internationale Human Rights Watch (HRW).

"Les ouvriers construisant les stades de la Coupe du monde sont victimes d'abus et d'exploitation et la Fifa n'a pas encore montré qu'elle peut efficacement surveiller, empêcher et remédier à ces problèmes", dénonce Jane Buchanan, directrice de HRW pour l'Europe et l'Asie centrale, dans ce rapport publié mercredi.

HRW dit avoir visité sept chantiers de stades accueillant le Mondial et constaté des irrégularités sur six d'entre eux, notamment des "salaires non payés ou des retards de salaires de plusieurs mois, du travail par des températures descendant à -25° Celsius sans protections suffisantes ou l'incapacité des employeurs à fournir des contrats de travail légaux" aux ouvriers.

"Les travailleurs interrogés par Human Rights Watch ont invariablement dit qu'ils avaient peur de parler de ces abus, craignant des représailles de leurs employeurs", ajoute l'organisation.

Human Rights Watch, qui cite les chiffres de l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB), précise que 17 ouvriers sont décédés sur les chantiers des stades de la Coupe du Monde.

La Fifa "partage l'objectif de HRW de garantir des conditions de travail décentes sur les sites de construction des stades de la Coupe du Monde", a répondu l'instance dans un communiqué transmis à l'AFP.

"Malgré l'absence de relations contractuelles avec les sociétés de construction", la Fifa assure également aller "au-delà de ce qu'aucune fédération sportive n'a fait à ce jour pour identifier et prendre en compte les questions relatives aux droits de l'Homme et du travail".

'Une atmosphère d'intimidation'

Ainsi, "58 inspections" des sites de construction ont été menées à ce jour, par des experts de l'Institut Klinsky pour la protection du travail et des conditions de travail, institut basé à Moscou, ajoute encore la Fifa qui juge que le message de HRW "d'exploitation" sur les sites de construction "ne correspond pas aux constatations" de l'instance.

HRW dénonce aussi "les rapports crédibles" concernant l'emploi d'ouvriers nord-coréens "travaillant de longues journées avec peu de jours de congés" sur le chantier du stade de Saint-Pétersbourg.

La Fifa avait déclaré récemment que plus aucun ouvrier nord-coréen ne travaillait sur le chantier du Saint-Pétersbourg mais "n'a rendu publique aucune information sur les mesures prises pour protéger ou aider ces travailleurs", regrette HRW.

Dénonçant "une atmosphère d'intimidation et de suspicion", l'organisation précise qu'un de ses employés a été interpellé en avril 2017 à Volgograd (sud) alors qu'il cherchait à rencontrer des ouvriers travaillant sur le chantier de ce stade. Il a été libéré après plusieurs heures d'interrogatoire, ajoute HRW.

A Kaliningrad (ouest), des ouvriers qui voulaient se plaindre de leurs conditions de travail à une délégation de la Fifa en ont été empêchés par les agents de sécurité, qui ont aussi forcé des travailleurs migrants à rester dans leurs dortoirs durant la visite de cette délégation, selon le rapport.

"L'apparente surveillance et la détention d'un chercheur de HRW et la pression sur les travailleurs (...) suggèrent que ceux responsables des conditions de travail sur les sites de la Coupe du Monde ont quelque chose à cacher", dénonce Jane Buchanan.

Douze stades dans onze villes différentes accueilleront le Mondial de football en Russie, du 14 juin au 15 juillet 2018.

Avec AFP

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