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Mondial 1998, les 20 ans de la légende de Zidane


Les joueurs français Bixente Lizarazu (L) et Marcel Desailly (R) sourient alors que Zinedine Zidane détient le trophée, après la finale de la Coupe du monde 1998 entre la France et le Brésil, au Stade de France à Saint-Denis, le 12 juillet 1998.
Les joueurs français Bixente Lizarazu (L) et Marcel Desailly (R) sourient alors que Zinedine Zidane détient le trophée, après la finale de la Coupe du monde 1998 entre la France et le Brésil, au Stade de France à Saint-Denis, le 12 juillet 1998.

La légende Zidane est née un soir de 12 juillet sur une histoire de coups de tête. Le fil directeur d'un destin de footballeur hors norme sur tous les plans: héros de la finale du Mondial 1998, "Zizou" a réussi vingt plus tard à devenir un incroyable entraîneur à succès. Contre l'avis de tous.

France-Brésil au Stade de France ? Plus qu'une affiche de gala, le match parfait pour faire entrer le football français dans l'histoire ! Après un début de tournoi décevant marqué par une exclusion contre l'Arabie Saoudite, le N.10 des Bleus a su se montrer décisif au meilleur moment : deux buts de la tête face au tenant du titre (3-0) et la France devient championne du monde pour la première fois de son histoire.

"Les jours avant la finale, Aimé Jacquet a mis l'accent sur les corners : ''Zizou', je sais que le jeu de tête n'est pas obligatoirement ton point fort mais ce Brésilien il fait 1,70 m (Roberto Carlos, 1,68 m, ndlr), celui-là, à peine plus (Leonardo, 1,75 m, ndlr), donc je te garantis que si tu y vas avec conviction tu peux faire quelque chose'. Et ça s'est passé comme ça", s'est remémoré "ZZ", dans un entretien au quotidien L'Equipe jeudi.

>> Lire aussi : Le Real cherche candidat pour siège éjectable après Zidane

"Je ne le sais pas à ce moment-là. Mais c'est sûr que ma vie a basculé avec ce match", a-t-il encore confié. Il ne l'imagine pas à quel point.

A 26 ans, Zidane devient l'idole d'une foule en liesse sur les Champs-Élysées, le porte-drapeau de la triomphante génération "black-blanc-beur". Au point même de voir son visage orner l'Arc de Triomphe avec la mention "Zizou président", image habilement projetée par un sponsor opportuniste.

Deux décennies plus tard, le même fantasme continue d'agiter les réseaux sociaux à l'image du compte Facebook "Zidane 2022", animé par des dizaines de milliers d'internautes qui le voit carrément succéder à Emmanuel Macron lors de la prochaine élection. A moins que le poste de sélectionneur des Bleus ne soit vacant d'ici là...

L'entraîneur français du Real Madrid, Zinedine Zidane, donne une conférence de presse pour annoncer sa démission à Madrid le 31 mai 2018.
L'entraîneur français du Real Madrid, Zinedine Zidane, donne une conférence de presse pour annoncer sa démission à Madrid le 31 mai 2018.

"Un battant"

Qui aurait pu prédire un tel destin en voyant le jeune "Yazid", comme l'appellent ses proches, pousser ses premiers ballons au pied des immeubles de la Castellane, cité de Marseille occupée à l'origine par des dockers et rapatriés d'Algérie arrivés dans les années 1960 ?

Pour Jürgen Klopp, son dernier adversaire sur le banc du Real Madrid, une partie de la réponse se trouve justement là: "Quand vous grandissez à Marseille, dans le quartier où il a grandi, vous devez être un battant. Ce n'est qu'au moment où vous le voyez jouer que vous pensez qu'il n'a pas besoin de l'être, parce qu'il était tellement meilleur que tout le reste", avait expliqué l'entraîneur allemand, la veille de son triplé historique en Ligue des champions.

Ballon d'Or 1998, champion d'Europe 2000, buteur décisif en finale de Ligue des champions 2002... le garçon discret, issu d'une famille de cinq enfants aux parents originaires de Kabylie, remporte tous les trophées possibles sur son passage. Mais alors qu'il rêve de finir sa carrière de joueur sur un énième chef-d’œuvre en finale du Mondial-2006, Zidane connaît la plus grande déception de sa vie de champion au plus mauvais moment.

Quelques minutes après avoir manqué d'un rien un nouveau doublé de légende, il assène un "coup de boule" sur le torse de Marco Materazzi, synonyme de carton rouge, de fin de carrière... et de défaite de la France aux tirs au but contre l'Italie.

Icône élevée au rang d'intouchable, "Zizou" est pardonné dès le lendemain par le président Jacques Chirac, qui le console sur le perron de l'Élysée en l'assurant de "l'admiration et l'affection de la nation tout entière".

Zinedine Zidane avec sa femme Véronique et son fils Théo, à Kiev, le 26 mai 2018.
Zinedine Zidane avec sa femme Véronique et son fils Théo, à Kiev, le 26 mai 2018.

Reconversion surprise... mais gagnante

Après une "coupure" de quelques années avec le milieu du foot pour digérer ce triste épisode, il décide de revenir dans le milieu en juillet 2011 dans un nouveau rôle: directeur sportif du Real Madrid. Pour endosser au mieux son nouveau costume, "ZZ" se lance dans une formation de cinq ans, d'abord de "manager", puis... d'entraîneur. L'intuition de sa vie.

Décidé à franchir les échelons pas à pas, il devient coach-adjoint de Carlo Ancelotti en 2014 avant de prendre les commandes de l'équipe réserve. Florentino Pérez le propulsera contre toute attente à la tête de l'équipe première en 2016 pour remplacer Rafael Benitez en cours de saison. Malgré les critiques voire les sarcasmes de certains observateurs...

La suite ? Une métamorphose en entraîneur à succès, avec la bagatelle de neuf trophées remportés, dont une Liga (2017), et surtout trois C1 consécutives (2016, 2017, 2018) !

Taiseux devant les micros à son époque de joueur, il devient un as de la communication, à coup de sourires mystérieux et phrases toutes faites. Plus connu pour sa virtuosité balle au pied que pour ses théories tactiques, il impressionne même les observateurs par ses "coaching gagnants".

"Il avait le feu en lui, contrairement à ce que l'on pense. C'est un introverti super motivé, super ambitieux. Mais oui, on est tous surpris ! Il n'y a pas une personne qui peut dire qu'il n'est pas surpris de son parcours. Il ment s'il dit qu'il savait et qu'il allait réussir à ce niveau-là...", confie à l'AFP Marcel Desailly, son ancien coéquipier en Bleus. "C'est hallucinant ! Il a très bien réussi son coup."

Mais douze ans après avoir raté la fin de sa carrière de joueur, "ZZ" a préféré clore le premier chapitre de sa "deuxième vie" en quittant le banc du Real au sommet de son art. Encore sur un coup de tête... mais bien réfléchi cette fois !

Avec AFP

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