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Migrants illégaux : l'UE débloque 1,8 milliard d'euros, des dirigeants africains agacés


Le président français et le ministre gambien du Commerce, à Malte, 12 novembre 2015. (REUTERS/Darrin Zammit Lupi)
Le président français et le ministre gambien du Commerce, à Malte, 12 novembre 2015. (REUTERS/Darrin Zammit Lupi)

Avec cette somme, l'Europe espère convaincre ses partenaires en Afrique de l'aider à renvoyer chez eux les migrants illégaux. Mais certains dirigeants africains se sont agacés de la pression européenne sur l'Afrique.

Les Européens ont lancé, jeudi 12 novembre au sommet de la Valette, à Malte, un fonds d'aide à l'Afrique de 1,8 milliard d'euros pour tenter de convaincre les pays africains de les aider à endiguer l'afflux de migrants.

L'idée est de financer des projets luttant "contre les causes profondes des migrations". Mais l'Union européenne (UE) exhorte les Etats membres à apporter en plus leur propres contributions pour doubler la mise.

Or, on est encore loin du compte. Les promesses des pays européens n'ont atteint qu'un total de quelque 78 millions d'euros, selon un décompte de la Commission.

C'est "loin d'être suffisant", a réitéré jeudi le président nigérien Issoufou Mahamadou.

En dépit de l'hiver qui approche, le flux de migrants vers l'Europe ne faiblit pas et a conduit mercredi la Slovénie à installer des barbelés le long de sa frontière avec la Croatie. Quelques heures plus tard, la Suède annonçait qu'elle rétablissait des contrôles à ses frontières.

Dans leur déclaration commune, qui doit être signée dans la journée, Européens et Africains s'engagent à "gérer ensemble les flux migratoires dans tous leurs aspects", selon un projet de texte obtenu par l'AFP.

Plan d'action commun

La cinquantaine de dirigeants européens et africains présents à La Valette doivent également souscrire à un plan d'action comportant une série de mesures visant à freiner les flux de migrants.

Certains dirigeants africains se sont néanmoins agacés de la pression européenne sur l'Afrique. Les migrants africains vers l'Europe "ne sont pas aussi nombreux qu'on le dit. Pourquoi toute cette énergie sur les migrants africains", a ainsi demandé jeudi le président sénégalais Macky Sall.

Son homologue ivoirien, Alassane Ouattara s'est également montré agacé, soulignant que son pays, avec 25 % de ressortissants étrangers, était un "modèle d'intégration".

Les Européens espèrent convaincre leurs partenaires en Afrique de les aider à renvoyer chez eux les migrants en situation irrégulière.

"On ne peut pas insister à réadmettre les Africains chez eux pendant qu'on parle d'accueillir les Syriens et d'autres. C'est un traitement différencié que nous condamnons, parce que c'est discriminatoire", s'est insurgé le président sénégalais.

"Le retour dans le pays d'origine ne saurait être la seule réponse de l'Europe aux migrants Africains. En effet, (certains d'entre eux) ont besoin, à l'instar des migrants venus d'autres régions, de protection", a rappelé de son côté le président ivoirien.

Doublement des visas étudiants et chercheurs

Pour les Africains, la priorité est plutôt le renforcement de l'immigration légale vers l'Europe, dont ils ont souvent besoin économiquement, compte tenu de l'importance des sommes expédiées par les Africains vivant en Europe à leurs familles.

Les Européens ont timidement répondu en acceptant le doublement du nombre de visas en faveur des étudiants et chercheurs africains, selon le projet de plan d'action consulté par l'AFP.

Le plan d'action proposera de favoriser la venue en Europe d'officiers d'immigration africains, chargés d'aider leurs collègues européens à mieux déterminer la nationalité des migrants en situation irrégulière. L'objectif est de mettre en place des expérimentations dès l'an prochain avec au moins dix pays africains volontaires.

"Les départs volontaires doivent être privilégiés, mais quand ce n'est pas possible, les départs forcés sont un pré-requis pour une politique migratoire efficace", a indiqué sur ce point le président du Conseil européen Donald Tusk.

Le sommet doit prendre fin jeudi à la mi-journée et sera immédiatement suivi d'un autre, entre seuls Européens, surtout focalisé sur les discussions en cours avec la Turquie, autre pays-clé dans la stratégie européenne visant à limiter les arrivées de réfugiés et de migrants.

Avec AFP

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