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Loin de la guerre, la capitale d'Ethiopie accueille le sommet de l'Union africaine


Vue du bâtiment de l'Union africaine alors que l'organisation se prépare à accueillir son 35e sommet ordinaire, dans la ville d'Addis-Abeba, en Éthiopie, le 1er février 2022.
Vue du bâtiment de l'Union africaine alors que l'organisation se prépare à accueillir son 35e sommet ordinaire, dans la ville d'Addis-Abeba, en Éthiopie, le 1er février 2022.

Devant l'aéroport d'Addis Abeba, des panneaux proclament: "Des solutions africaines aux problèmes africains".

Il y a trois mois, les étrangers fuyaient l'Ethiopie, leurs ambassades craignant que les rebelles du Tigré fondent sur Addis Abeba. Mais cette semaine, les délégations d'Afrique affluent dans la capitale pour le Sommet de l'Union africaine (UA).

Quinze mois après le début du conflit qui ravage le nord du pays, les autorités d'Ethiopie se réjouissent d'accueillir une réunion qu'elles aiment à qualifier de "désaveu pour ceux qui annonçaient l'apocalypse ici" et qui a de nombreuses autres crises à son agenda.

Des coups d'Etat sur le continent au changement climatique en passant par la pandémie de Covid-19, l'ordre du jour chargé de l'organisation panafricaine aux 55 membres, détournera l'attention des problèmes éthiopiens et permettra au gouvernement du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed de se présenter comme un hôte solide et stable.

L'UA, dont Addis Abeba est le siège, se prépare aussi à un débat sur sa relation avec Israël, que les analystes estiment être l'un des plus polarisants de l'histoire de l'organisation créée il y a 20 ans.

L'accueil de ce sommet "peut certainement être considéré comme une victoire politique de l'Ethiopie", estime Imogen Hooper, analyste au centre de réflexion International Crisis Group (ICG), qui rappelle que le gouvernement "a fait énormément pression pour que ce sommet ait lieu physiquement (et non en visioconférence, ndlr), car cela donne un sentiment de normalisation".

Coups d'Etat

Ce sommet intervient après une série de coups d'Etat sur le continent, le dernier il y a moins de deux semaines au Burkina Faso.

Et mardi soir, l'UA a dénoncé une tentative de renverser le pouvoir en Guinée-Bissau.

Dans un discours mercredi aux ministres des Affaires étrangères réunis avant le sommet des chefs d'Etat - samedi et dimanche -, le président de la Commission de l'UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a condamné une "résurgence inquiétante des coups d'Etat militaires qui, non seulement, ne renvoient pas une image positive de notre continent, mais sont des sources d'instabilité socio-politique préjudiciables à tous les efforts de développement".

L'organe de sécurité de l'UA a suspendu le Burkina Faso, le Mali, la Guinée et le Soudan après leurs coups d'Etat militaires. Mais pas le Tchad où, depuis la mort du président Idriss Deby Itno en avril 2021, un conseil militaire dirigé par son fils gouverne le pays.

"La réponse incohérente de l'UA à la multitude de changements anticonstitutionnels de gouvernement a été particulièrement préjudiciable", estime l'ICG.

Pour Solomon Dersso, fondateur du groupe de réflexion Amani spécialisé sur l'UA, les débats devraient plutôt porter sur la lutte contre les facteurs qui mènent aux coups d'Etat, comme le terrorisme ou les révisions constitutionnelles permettant aux dirigeants de se maintenir au pouvoir.

"Ce n'est que lorsqu'une crise frappe qu'on se demande: +Comment se fait-il que ce pays s'effondre si rapidement?+", résume-t-il.

Israël, sujet de tensions

Samedi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa fera un point sur la réponse africaine à la pandémie, près de deux ans après la détection du premier cas de Covid-19 sur le continent, en Egypte.

Au 26 janvier, seuls 11% des plus d'un milliard d'Africains avaient été entièrement vaccinés, selon les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies. C'est loin de l'objectif fixé de 70% d'ici la fin de l'année.

Les dirigeants africains devraient exprimer à nouveau leur indignation de voir les vaccins concentrés dans les pays riches.

Un projet d'ordre du jour consulté par l'AFP prévoit également une discussion sur la décision prise en 2021 par M. Faki d'accepter l'accréditation d'Israël en tant qu'observateur.

Les Etats non-africains accrédités peuvent assister à certaines conférences, accéder à des documents non-confidentiels de l'UA et présenter des déclarations lors de réunions les concernant.

La décision de M. Faki a suscité de vives protestations de membres puissants, dont l'Afrique du Sud et l'Algérie, qui ont fait valoir qu'elle allait à l'encontre des déclarations de l'UA soutenant les Territoires palestiniens.

Selon certains analystes, un vote sur cette question pourrait entraîner une scission sans précédent.

"Solutions africaines"

Au milieu de cet agenda chargé, il est peu probable que la guerre en Ethiopie, qui oppose les forces pro-gouvernementales aux rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), retienne beaucoup l'attention.

Les émissaires étrangers font pression pour un cessez-le-feu et un accès ouvert pour l'aide humanitaire. Le gouvernement éthiopien a rejeté les critiques américaines et occidentales, les qualifiant de néo-impérialisme.

Devant l'aéroport d'Addis Abeba, des panneaux récemment installés proclament: "Des solutions africaines aux problèmes africains" ou "l'avenir de Mère Afrique est radieux".

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