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L'ancien ministre libyen Fathi Bachagha met en garde contre un report des élections


Le ministre libyen de l'Intérieur suspendu, Fathi Bachagha, s'exprime à son arrivée à l'aéroport de Mitiga, à l'est de Tripoli, le 29 août 2020.
Le ministre libyen de l'Intérieur suspendu, Fathi Bachagha, s'exprime à son arrivée à l'aéroport de Mitiga, à l'est de Tripoli, le 29 août 2020.

L'ancien ministre de l'Intérieur libyen Fathi Bachagha, probable candidat à la présidentielle, a mis en demeure le gouvernement de transition à Tripoli de ne pas retarder les élections, dans un entretien accordé à l'AFP à Bruxelles.

"Pour faire face aux problèmes auxquels la Libye est confrontée aujourd'hui, le conflit en cours, la frontière hors de contrôle, il faut un gouvernement fort, un gouvernement d'unité", a-t-il insisté.

Fathi Bachagha, 58 ans, faisait partie du gouvernement qui a cédé le pouvoir en mars au cabinet de transition, mais il reste une personnalité influente. Il n'a pas confirmé explicitement son intention de briguer la présidence lors du scrutin programmé pour le 24 décembre, mais a reconnu "y penser".

Le gouvernement de transition libyen, dirigé par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, est engagé dans un processus de paix parrainé par l'ONU et a promis d'organiser des élections.

Fathi Bachagha le soupçonne de ne pas vouloir respecter cet engagement. "Il est clair que le gouvernement actuel préférerait ne pas avoir d'élections", a-t-il déclaré. "Mais c'est un engagement qui doit être mené à terme", a-t-il averti.

"Les élections parlementaires et présidentielles auront lieu simultanément, et pour la première fois, le président sera élu au suffrage direct", a souligné l'ancien ministre.

Dix ans après le renversement du dictateur Mouammar Kadhafi et alors que les pourparlers de paix sont en cours, les Libyens sont "optimistes quant à l'avenir" et prêts à construire "un État fort", a-t-il assuré.

M. Bachagha a souligné son "expérience liée à l'État, notamment dans le domaine de la sécurité".

"Nous devons accorder une grande importance à la stabilisation du pays et à notre sécurité", a-t-il martelé en critiquant le gouvernement de transition libyen pour ne pas avoir réussi à exercer un contrôle sur les factions armées.

L'Allemagne doit accueillir une deuxième conférence sur la paix en Libye sous l'égide de l'ONU à Berlin le 23 juin, axés sur la préparation des élections et le retrait des forces étrangères du pays après une décennie de violence.

Une trêve officielle est en vigueur depuis octobre, mais l'envoyé des Nations unies pour la Libye, Jan Kubis, a prévenu que les progrès concernant le retrait des forces étrangères et l'unification des institutions divisées étaient au point mort.

M. Bachagha a entrepris une tournée des capitales européennes. Il était à Bruxelles mardi pour rencontrer des membres du Parlement européen et des dirigeants d'ONG afin de parler de l'avenir de son pays.

- "Un Etat fort" -

L'UE est surtout préoccupée par le problème des migrants qui quittent les côtes libyennes - souvent sur des bateaux de passeurs surchargés et peu sûrs - pour rejoindre l'Europe.

"Nous avons coopéré avec l'Union européenne dans ce domaine, malgré les conditions difficiles", a rappelé l'ancien ministre, en soulignant que des centres de rétention avaient été bombardés lors d'une offensive rebelle sur Tripoli l'année dernière.

Le second sujet de préoccupation des Européens est la présence de quelque 20.000 combattants étrangers. Des mercenaires russes soutiennent l'homme fort de l'Est, Khalifa Haftar, et des forces turques sont à Tripoli.

Fathi Bachagha a défendu la présence des forces turques appelées par l'ancien gouvernement libyen de Fayez al-Sarraj "pour aider à la défense de Tripoli" contre les forces de Haftar, qui pourrait lui-même être un candidat à la présidence.

"Grâce à l'aide turque, il a été possible de défendre la ville et l'attaque a échoué", a-t-il déclaré.

"Maintenant, la Libye avance vers la paix, et elle met fin à la guerre. Cela passe par la condition absolue d'organiser des élections. Cela apportera la sécurité et la paix", a-t-il soutenu.

"Après la chute de Kadhafi, nous savons que les armes ont commencé à proliférer, et elles sont tombées dans les mains de criminels, de groupes et de factions", a-t-il reconnu.

"Il y a des obstacles, il y a des risques. Mais je pense que la volonté de notre peuple va aider à résoudre les problèmes et construire l'Etat. Un État fort".

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